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Films -> Drame |
Ils se haïssent mais ils se protègent avec Arnaud Desplechin, Catherine Deneuve, Jean-Paul Roussillon, Mathieu Amalric, Melvil Poupaud, Anne Consigny, Emmanuelle Devos, Chiara Mastroianni, Hippolyte Girardot BAC Vidéo 2008 / 19.99 € - 130.93 ffr. Durée film 147 mn. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma, Pays : France, 2008
Sortie DVD : 2 Décembre 2008
Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, format 2.35
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Aucun
Bonus :
- Filmographies
- Un conte de Noël à Cannes
- Galerie de photos
- Bandes-annonces BAC Films
- Lien Internet Imprimer
On ne sait trop par où commencer pour parler dun tel film. On peut dire quil sagit dun drame français et décliner ce que le genre peut avoir de plus attendu : cérébral, bourgeois, cynique plus que dhumour noir, microcosmique au sens où tout un landerneau se retrouve ici, du réalisateur à son équipe (ne manquent que Valéria Bruni-Tedeschi qui aurait pu aisément remplacer Anne Consigny - et Jeanne Balibar), volontiers complexe et non-clos par un plan de coupe lapidaire
Que cest trop écrit, intello-parigot, voire chiant. On pourrait dire cela parce que beaucoup de films français, hélas, accumulent ces travers, stigmates dune création nombriliste et en panne, affectée plus quefficace. Sauf quici, un terrifiant génie sans quon ne sache vraiment si lon parle de talent ou de magie, les deux sans doute sublime lensemble et donne une époustouflante tragédie
Tragédie est le mot. Le titre le souligne : par-delà lentourloupe sémantique (on est loin du conte dans son acceptation la plus féérique, enfantine, américaine), nous avons véritablement affaire à un mythe. Dans sa construction, ses thématiques et ses personnages archétypaux -, Un Conte de Noël peint LA famille, cette espèce de chose indéfinissable, trou dantimatière où tout se concentre, se tient, mais aussi sannule et peut se détruire : pour paraphraser Balzac parlant des femmes entre elles : ils se haïssent mais ils se protègent. Et, passées les grimaces, on acquiesce.
Tragédie antique jusque dans les noms des protagonistes : Abel, Junon, Ivan, Faunia. Lhistoire dune famille, Atrides des temps modernes, sorte de cénacle olympien, sis au cur de Roubaix : les Vuillard
Une famille quelque peu maudite par son sang et la perte, il y a des années, dun de ses enfants, Joseph, petit fantôme disparu à sept ans car ni sa sur, Elizabeth (adulte, A. Consigny), ni ses parents, Abel (J.-P. Roussillon) et Junon (C. Deneuve) nétaient compatibles pour une greffe de moelle osseuse. Pas plus quHenri (adulte, M. Amalric), enfant conçu dans lespoir quil fût compatible et sauvât son aîné. Hélas incompatible, Henri naquit pour rien. Joseph mourut. Junon en conserva une certaine haine pour ce fils inutile, et sa soeur aussi, hantée par la mort de son cher frère. Un petit dernier, Ivan (adulte, M. Poupaud), ferma la boucle, point final plus joli quune mort, dans cette famille endeuillée
Le temps passe, le sang coule et conserve de sa malice. De nos jours, Junon exprime la même maladie que son fils disparu, prouvant par-là que cest elle qui, génétiquement, programma sa mort. À loccasion de Noël, la famille, pourtant divisée (Elizabeth refuse de parler à Henri que supporte tout juste sa mère) se retrouve dans la maison des parents. Tout le monde passe le test : seuls sont compatibles le fils dElizabeth, Paul, ado tout aussi dépressif que sa mère, et Henri le mal aimé, quelque peu rasséréné par ce coup du sort : nayant pu sauver son grand frère malade, et rejeté par sa mère pour cela, Henri porte en lui loccasion de la sauver. Enfin
si la greffe marche.
Sont également présents la femme dIvan, la belle Sylvia (C. Mastroianni), amie de ladolescence, quaimaient aussi Henri et le cousin Simon (Laurent Capuletto) ; lamie dHenri, Faunia (E. Devos), juive, patiente, solide ; et Claude (H. Girardot), ex-mari dElizabeth et père de Paul.
Il faut un peu de patience pour se familiariser avec la cohorte, et démêler lentrelacs de relations complexes et profondes. Mais le film offre le temps et lespace pour cela, au gré dun montage efficace et subtil. Un film long 2h30 mais haletant, superbe (la photo caresse amoureusement le regard), un film durant lequel le spectateur sursaute, choqué, et sourit aussi devant ces êtres visiblement a-moraux, terriblement sincères les uns envers les autres. Se détestent-ils pour autant ?
Un film très dense, à savourer durgence, car au final, cest bien dun conte de Noël quil sagit, de quelque chose de rassurant et de confortable, une fois franchis passages épineux et douches froides. Un savant dosage. Osons le mot : un chef duvre.
Bruno Portesi ( Mis en ligne le 05/12/2008 ) Imprimer
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