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Derrière le miroir
avec Nicholas Ray, James Mason, Barbara Rush, Walter Matthau
Carlotta Films 2005 /  20  € - 131 ffr.
Durée film 91 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma : 1956, État-Unis
Titre original :Bigger than Life

Version : Zone 2
Format vidéo : 2. 35 respecté
Format image : 16/9 compatible 4/3 couleur
Format audio : anglais/ français
Sous-titres : français

Bonus :
Le parcours d’un cinéaste « rebel »
Le mythe de la famille unie, par Jean Douchet
Bande annonce

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Bigger than life/ Derrière le miroir : si la traduction française n’est pas littérale, on peut trouver dans les deux titres deux aspects complémentaires présents dans ce grand classique de Nicholas Ray, sans doute l’œuvre la plus ambitieuse du cinéaste.

Bigger than life, pour s’attaquer à la frustration d’une vie trop petite marquée par le conformisme, le manque de moyens, quand les sirènes de la société de consommation, mais aussi de la culture et du savoir, appellent à sortir de la routine quotidienne d’une famille américaine trop terne pour lui préférer grandeur et prestige. Pour Nicholas Ray, l’homme moderne est enfermé dans une vie trop étroite, une vie où il n’y a pas de place pour que deviennent réalité les rêves, les projets et les ambitions qui semblent pourtant à porter de main, dans les magazines, sur les affiches, à la télévision. Dans la première partie du film, le héros travaille comme professeur le jour, et dans une centrale de taxi le soir : déjà il agrandit sa vie, déjà il n’est pas satisfait de sa médiocre réalité. Est-ce cette vie trop remplie qui finit par provoquer les crises douloureuses qui le conduisent à l’hôpital, où on lui propose d’expérimenter la cortisone, dont les effets secondaires sont encore inconnus ? Si le scénario prévoit une explication médicale, la mise en scène souligne le lien symbolique entre cette frustration sociale, le surmenage et l’apparition des symptômes.

Derrière le miroir, car ce reflet attirant d’un autre soi, plus beau, plus riche, plus puissant, est lui aussi une illusion dangereuse, qui finira par se briser d’elle-même. Derrière le miroir de l’armoire à pharmacie se trouve le médicament miracle, qui altère l’identité du héros dont le reflet se trouve brisé, lorsque sa femme, excédée par la nouvelle arrogance de son mari, referme brutalement la porte. La scène finit sur l’image de l’homme fragmentée à travers les brisures du miroir, et annonce la perte de contrôle et l’entrée dans la psychose du personnage. Le rêve de grandeur et de prestige du début, dévoile un délire mégalomaniaque de toute puissance, repose finalement sur un comportement addictif et mène à l’oppression des siens.

La mise en scène de Nicholas Ray est fascinante dans le jeu virtuose qu’elle opère avec les symboles de la société américaine. Cette histoire, tirée d’un fait divers, glisse de discours en discours toujours plus incisifs, sur la société et l’illusion du rêve américain. La lumière, les couleurs et la composition des cadres sont mises de façon très précise au service d’une perception plus fine de ce que renferme l’idéologie sur laquelle repose cette société. Les personnages sont presque toujours doublés par une ombre improbable, qui fait planer une obscure menace intérieure, jusqu’au cadre final du happy-end.

Construit sur plusieurs niveaux de signification, Derrière le miroir agit donc de façon très subtile et néanmoins efficace, pour porter une révolte profonde, qui finit par dépasser le simple cadre de la frustration sociale et par rompre avec la logique de l’avertissement moral. Le héros, lorsqu’il est en proie à ces crises délirantes, est certes dangereux et réactionnaire mais il est aussi un homme qui se débat seul contre les désillusions et la force d’inertie d’une société toute entière. En bonus, les commentaires toujours très précis de Jean Douchet offrent une lecture approfondie de cette construction particulièrement maîtrisée.

Comment ont-ils osé faire ça ? demandait la bande-annonce, qui nous donne un indice supplémentaire sur la façon dont Ray s’accommodait de la grosse machine Hollywood, sans jamais perdre sa liberté.


Florence Keller
( Mis en ligne le 28/11/2005 )
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