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Le lion et la gazelle
avec Anne Fontaine, Isabelle Carré, Benoît Poelvoorde, Jonathan Zaccaï, Valérie Donzelli
Fox Pathé Europa 2006 / 19.99 € - 130.93 ffr.
Durée film 90 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie Cinéma, Pays : 2005, France
Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 16/9 compatible 4/3
Format image : 1.85 (couleurs)
Format audio : Français Dolby Digital 5.1
Bonus :
Commentaire audio dAnne Fontaine et Isabelle Carré
Making of
Film annonce
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La scène douverture confronte directement les deux personnages : Claire (Isabelle Carré), agent des assurances, conseille Laurent (Benoît Poelvoorde), vétérinaire touché par un dégât des eaux. Elle est jeune et jolie, plutôt timide, effacée, épouse et mère heureuse. Il est plus trouble, mystérieux, joueur. «On ne sait pas ce quy a dans la tête des gens», lui dira-t-il plus tard... Certes. Sitôt vus, sitôt pris, les deux êtres se trouvent embarqués malgré eux dans une histoire qui les dépasse, révélatrice de leurs fêlures...
Claire, pourtant experte en désastres et catastrophes en tous genres, ne sent pas venir le vent mauvais. Pourtant stable et comblée, elle subit, soumise à un bovarysme quon dira lillois (la ville est un autre personnage du film, provinciale, banale mais mystérieuse aussi dans ses brumes hivernales), lattraction de cet homme, prédateur damour... Prédateur tout court ? Cest quun tueur en série rôde dans les rues de Lille, armé dun scalpel, égorgeur de belles femmes... Laurent est-il ce meurtrier ? Pour sortir de son ennui, prendre chair, elle qui se sent si transparente, inconsistante, Claire se soumet à lattraction de ce véto nimbé dombres... Elle en devient plus femme, embellie, illuminée, électrisée par des sentiments que tout sépare lamour, la peur, le doute, lenvie sinon leur sourde violence. Laurent, séducteur et fragile, laid et beau, rassurant et inquiétant à la fois, trouble les pistes... Tous deux tour à tour acteurs et victimes, ils jouent au lion et à la gazelle...
Anne Fontaine signe ici un film prenant de bout en bout. Rapide, parfois elliptique, le scénario sattarde sur la lente défragmentation psychologique des deux personnages. Les acteurs qui les animent sont proprement époustouflants. Isabelle Carré confirme son talent ; Benoît Poelvvorde le révèle. Sorti de la farce, il joue ici avec une justesse troublante ce menuet délétère et éthéré avec sa jeune compagne. Ici, tout est dans le détail, larrondi dun rictus, une moue, la lueur d'un regard, une larme. Anne Fontaine filme ses acteurs au plus près, en gros plan, pour extraire des visages les traces de tourments intérieurs, proprement indicibles. La scène finale, simplement mise en musique, se passe dailleurs de tout dialogue.
Scotchant, le film, thriller magistral adapté du roman de Dominique Barbéris, Les Kangourous (Gallimard), est aussi une enivrante histoire damour. Ou comment deux êtres, soient-ils banals jusquà linvisibilité ou au contraire incroyablement intrigants, s'ils s'entrechoquent, peuvent quasiment changer de matière, renoncer à leurs démons pour en embrasser dautres... Le dénouement est ainsi à la fois inacceptable et logique...
Bref, attention chef-doeuvre, signé par une réalisatrice qui nous a habitué au genre (voir les tout aussi perturbants Nettoyage à sec ou Comment jai tué mon père) et porté par deux acteurs majuscules. Les seconds rôles sont évidemment plus effacés mais aident, par contraste, à la mise en relief des deux amants. Jonathan Zaccaï, en mari/papa pantoufles, et Valérie Donzelli en tentatrice téméraire sont, eux aussi, très justes.
Et le DVD nest pas en reste avec les commentaires de la réalisatrice et de lactrice principale sur le film et deux courts making of. Entre ficelles de mise en scène et anecdotes sur le tournage, les deux femmes nous font entrer plus profondément dans le film, ce conte saisissant sur lhumaine attraction du pire.
Bruno Portesi
( Mis en ligne le 11/04/2006 )
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