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Naissance d’un cinéaste de la marge
avec Gus Van Sant, Tim Streeter, Doug Cooeyate, Sam Downey, Ray Monge, Nyla Mc Carthy
MK2 2007 / 22.98 € - 150.52 ffr.
Durée film 78 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie Cinéma, Pays : 1985, USA
Titre original : Mala Noche
Version : 1 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image :1.33 (Noir & blanc et couleur)
Format audio : Anglais (Stéréo)
Sous-titres : Français
Bonus :
- No cutting, no stars, no script (26 mn)
- Entretien avec Gus Van Sant
- Préface par Stéphane Delorme (5 mn)
- LObjet du désir (6 mn)
- Scène douverture commentée par Stéphane Delorme
- Bandes annonces de la collection Gus Van Sant (6 mn)
Film récompensé en 1987 dans la catégorie du meilleur film indépendant par le Los Angeles Film Critics et inédit en France jusqu'à sa présentation à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2006
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Mala Noche, le premier long métrage de Gus Van Sant, est une adaptation fidèle dun texte de Walt Curtis. Si la rencontre de ces deux auteurs sur le tournage dun film relève du hasard on ne sétonne pas que Gus Van Sant ait choisi le journal intime de son confrère de Portland pour réaliser son premier long métrage. Lécriture de Curtis résonne chez le jeune cinéaste qui y trouve le terreau idéal pour apposer son univers visuel. Impressionné par la confession du poète, Van Sant se veut respectueux du texte originel : «Le film qui en fut tiré nen est quun miroir, un miroir embué. Quand vous lisez Mala Noche, vous buvez à la source. Comme si vous éprouviez la chose au moment où elle vous arrive.»
Le réalisateur dépeint donc la vie de Walt, épicier homosexuel de Portland régulièrement confronté à la faune nocturne de cette ville surnommée «Little Mexico». Dès la première rencontre dans son magasin, Walt sera ébloui par Johnny, un jeune immigré mexicain clandestin qui erre avec sa bande. Une passion teintée damour et de haine puisque le «chicano» se refusera systématiquement à Walt tout en acceptant son aide matérielle. Plus Johnny garde ses distances, plus le désir de Walt tournera à lobsession.
La fidélité de ladaptation ne réside pas que dans lhistoire. Gus Van Sant cherche à transcrire en images le style direct de la nouvelle. Une écriture brute pour un témoignage sans fioritures où «tout était vrai, mec, chaque foutu mot. Tout ce qui est dans le livre est vrai», selon Curtis lui-même. La voix off reprenant des passages du livre sera donc omniprésente, nous assistons dès la première scène à une introspection des pensées de Walt. Plans courts et coupes sèches renforcent laspect torturé de la confession de Walt.
Avec un noir et blanc contrasté, Gus Van Sant oscille entre deux registres. Le réalisme, le film revêtant parfois une allure documentaire ; et lonirisme quand les situations vécues par les personnages semblent hors du temps, effet accentué par une mise en scène explicite. Cette ambiguïté entre la fiction et le réel rappelle deux des films les plus récents de Gus Van Sant, Gerry et Elephant (Palme dor du Festival de Cannes 2003). Et parce que ces deux films mettent également en scène des trajectoires dadolescents en marge de la société, certains les qualifient ; avec Mala Noche ; de «trilogie adolescente». Faut-il désormais parler de tétralogie ? Paranoid Park, le dernier film du cinéaste en compétition cette années à Cannes, pose un regard sensible sur une bande de jeunes skaters.
Comme la plupart des premiers films, Mala Noche nest pas sans maladresses. On y retrouve néanmoins les éléments fondateurs du cinéma de Gus Van Sant. Car aujourdhui, sil continue dexplorer le malaise adolescent, cest avec la maîtrise dun cinéaste adulte.
Dorian Chotard
( Mis en ligne le 25/05/2007 )
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