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Gothique trinité
avec Christopher Nolan, Christian Bale, Heath Ledger, Maggie Gyllenhaal, Michael Caine , Aaron Eckhart, Morgan Freeman, Gary Oldman
Warner Home Video 2009 / 19,99 € - 130.93 ffr.
Durée film 153 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie Cinéma, Pays : États-Unis, 2008
Sortie DVD : 13 Février 2009
Titre original : The Dark Knight
Version : DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, format 2.35
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Anglais, Français, Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français, Néerlandais
Bonus :
Aucun
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Alors que Batman Begins avait désenglué la saga dune allégresse pop aujourdhui surannée (trop colorée, trop studio, trop carton pâte aussi), The Dark Knight installe définitivement un ton, ou plutôt, une teinte
au noir aveuglant. Dans un Gotham City gangrené par la pègre, au-dessus des mafiosi, sélève un ange ricaneur et pervers : le Joker (Heath Ledger), diabolique plus que méchant, un être terrifiant au masque clownesque tout sauf sympathique : son sourire est une balafre, un croissant de haine. Il est le mal absolu.
Face à lui, composant une éthique et gothique trinité, deux idées du Bien, celle morale et chevaleresque incarnée par Batman, chevalier noir au cur pur, missionnaire dans une ville dévastée, et soumis au doute. Et lidée dun Bien institutionnalisé, bras armé de lÉtat, un Bien moins moral que politique, sous les traits du procureur Dent (Aaron Eckhart), sûr de lui et, paradoxalement, plus fragile : à la moindre fissure, qui devra arriver, le Bien implose et cède sa place au Mal, un Mal ravageur, inquisiteur, de vengeance. Défiguré par le Joker, dans un jeu perfide autant que délicieux, Dent devient Double-Face, autre figure du mal. Trois hommes pour rassembler une idée de lHomme et de lhumanité.
Plus, une femme.
La Femme sert darbitre entre les trois mâles, les oblige à leurs (re)positionnements, ancrant le super-héros dans sa fonction première (le Bien, la Justice, le Sacrifice), lange noir, poète suprême, dans son art à provoquer souffrance et anarchie, et lhomme politique, dénudé, dans sa dimension plus humaine, moins héroïque, et plus prompte à la haine. La femme est Rachel (Maggie Gyllenhaal), amie/amour denfance dun Batman délaissé, femme amante de Dent, monnaie déchange pour le Joker.
Des personnages étoffés, fouillés, fascinants dans leurs fêlures respectives, le Joker en tête qui, outre quil est sublimement interprété, à la limite du malaise, rejoint dans la vraie vie lacteur dans une fin tragique. Mort lan dernier aux suites du tournage, Heath Ledger a donné à sa personne comme à ce personnage des contours particuliers, une dimension sacrificielle saisissante quoique floue, et cette impression que le cinéma, décidément, sert de miroir à nos réalités.
Il est fabuleux, beau de sa laideur, ces mimiques et moues, la caresse froide dune langue sur un sourire triste et de rage, des postures de poupée cassée, gestes dun singe qui, loin de signer une faiblesse, déploient en fait la puissance du sociopathe. La mort posant son voile sur cette prestation, on ne peut quacquiescer, esquissant même une révérence devant un acteur définitivement regretté. Face à lui, là aussi, la réalité nourrit la fiction. Car si limage du Bien, toujours, est moins sexy, Christian Bale, par ses frasques récentes sur les plateaux de tournages, les rages dune prima dona, caricatures plus vraies que nature dun acteur dépassé par son art et le succès, ternissent, mais sans splendeur, les habits noirs du chevalier.
Un film percutant, superbement planté, chorégraphié, photographié et, surtout, interprété. Dans son genre, quoiqu'obligatoirement hollywoodien, un chef duvre.
Bruno Portesi
( Mis en ligne le 13/02/2009 )
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