L'actualité du livre Vendredi 3 mai 2024
  
 
     
Films  ->  

Pour vous abonner au Bulletin de Parutions.com inscrivez votre E-mail
Rechercher un réalisateur/acteur
A B C D E F G H I
J K L M N O P Q R
S T U V W X Y Z
Films  ->  Grands classiques  
Chasse à l'homme à Prague
avec Fritz Lang, Heinrich  von Twardowski, Brian Donlevy, Walter  Brennan
Carlotta Films 2008 /  24.99   € - 163.68 ffr.
Durée film 117 mn.
Classification : Tous publics

Sortie cinéma, Pays : 1943, États-Unis
Titre original : Hangmen Also Die !

Version : 2 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 4/3 PAL
Format image : 1.33 (noir & blanc)
Format audio : Anglais (mono)
Sous-titres : Français

Edition collector

DVD 1
- Version longue originale

DVD 2
- Version courte
- Présentation (3 mn) de Bernard Eisenschitz
- La collaboration Brecht / Lang (28 mn) par Bernard Eisenschitz
- Bande annonce

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.

Imprimer


Tourné entre Chasse à l'homme (1941) et Espions sur la Tamise (1944), Les Bourreaux meurent aussi aborde le thème du nazisme, préoccupations somme toute logiques pour Fritz Lang, réalisateur du Testament du docteur Mabuse. Rappelons que Fritz Lang est aussi l'un des fondateurs du comité antifasciste d'Hollywood, comité qui aidait les émigrés à trouver du travail et à fuir l'Allemagne. Le cinéaste aida notamment Bertold Brecht qui se trouvait en Suède depuis 1939. Il correspondit avec lui, comme l'indique son dossier du FBI et contribua pour une large part à l'arrivée de Brecht aux USA en 1941. Plus tard, le cinéaste se mit en quête d'un producteur et engagea Bertold Brecht à titre personnel pour trouver un synopsis autour de l'assassinat de Heydrich et des otages.

L'intrigue de Les Bourreaux meurent aussi se situe à Prague occupée par les nazis. Le 27 mai 1942, le Reich Protektor Heydrich vient d'édicter de nouvelles mesures de terreur à Prague, quand il est assassiné par le Docteur Svoboda, membre d'un réseau de résistance tchèque dirigé par Dedic. Menacé par l'alarme donnée et le couvre-feu, le Docteur Svoboda finit par se réfugier chez la famille du professeur Novotny, un ancien révolutionnaire dont la fille, Mascha, l'a déjà aidé dans sa fuite...

Fritz Lang veut faire un film anti-nazi et c'est un peu son gros défaut. Il veut toucher le public américain et rendre un vibrant hommage à la démocratie américaine, celle de la Tchécoslovaquie avant Heydrich en étant très proche. Cependant, le film est assez lent et, à part quelques scènes où Fritz Lang retrouve son génie, les personnages sont assez tranchés et caricaturaux. On est un peu déçu de ce côté manichéen et propagandiste. Il est vrai aussi que le film a subi beaucoup de tiraillements entre les scénaristes, Fritz Lang, Bertold Brecht et John Wexley, auteur du scénario du premier film anti-nazi de la Warner. Ce dernier parle allemand et s'entend bien avec Bertold Brecht. Après plusieurs péripéties, la structure est conservée avec quatre intrigues qui finissent par se rejoindre et s’entrecouper : l'auteur de l'attentat, la fille d'un otage, le traître, le brasseur Czaka et l'enquête policière de l'inspecteur Gruber de la Gestapo.

Bertold Brecht voulait par exemple faire un film plus proche du peuple. Dans une scène, Mascha veut dénoncer le médecin Svoboda car son père risque d'être tué par la Gestapo, Svoboda ne voulant pas se dénoncer à la police. Elle est conduite par un cocher qui, acquis à la résistance, l'emmène vers une autre partie de la ville. Elle est prise alors à parti par le peuple et prend conscience que celui-ci a raison. Pour Brecht, elle change d'avis grâce à lui. Pour Fritz Lang, c'est l'inverse, le peuple, c'est la possibilité du lynchage (n'oublions pas qu'il a réalisé deux films dans cette veine, M. le maudit et Furie). Le peuple correspond plus une grande notion idyllique qu'autre chose, et il risque toujours d''être détourné d'une manière ou d'une autre par un chef ou un «guide». La scène tournée par Fritz Lang est assez maladroite car filmée d’un point de vue extérieur et l’on ne sait pas si Mascha va à la Gestapo pour sauver son père ou pour dénoncer des résistants ; mais le peuple est en tout cas bel et bien montré comme lyncheur. Quoi qu'il en soit, Les Bourreaux meurent aussi a du mal à trouver son rythme et sa cohérence interne. Le film se présente comme un jeu du chat et de la souris. Ce n'est que dans quelques plans ou éclairages que l'on reconnaît la patte de Fritz Lang qui, lui-même, n'était pas très passionné par ce film.

Le second DVD présente le film dans une version plus courte. Lors de la première projection américaine, le 22 mars 1943, les journaux indiquèrent une durée de 135 minutes environ. Or, Fritz Lang avait signé pour un film d'une durée de 105 minutes. La version courte est celle qu'a imposé le distributeur français à la libération. Comme l'indique Bernard Eisenschitz dans un supplément, malgré l'existence d'une copie intégrale du film existant depuis 1963, c'était jusqu'à présent la version de 1947 qui était projetée en salle ou diffusée à la télévision. Le même Bernard Eisenschitz, historien du cinéma, offre une analyse détaillée de la collaboration entre Brecht et Lang sur le film.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 13/06/2008 )
Imprimer

A lire également sur parutions.com:
  • Coffret Fritz Lang
       de Fritz Lang
  • Espions sur la Tamise
       de Fritz Lang
  • Docteur Mabuse, le joueur
       de Fritz Lang
  •  
    SOMMAIRE  /  ARCHIVES  /  PLAN DU SITE  /  NOUS ÉCRIRE  

     
      Droits de reproduction et de diffusion réservés © Parutions 2024
    Site réalisé en 2001 par Afiny
     
    livre dvd