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Japon et Guerre froide avec Kijû Yoshida, Mariko Okada, Kaizo Kamoda, Naho Kimura Carlotta Films 2009 / 15.99 € - 104.73 ffr. Durée film 228 mn. Classification : Tous publics | Sortie cinéma, Pays : 1970 et 1973, Japon
Titre original : Rengoku Eroica / Kaigenrei
Version : 1 DVD 9/Zone 2
Format vidéo : 4/3, PAL
Format image : 1.37 (noir & blanc)
Format audio : Japonais (Dolby Digital 2.0 mono)
Sous-titres : Français
Bonus :
- Préface de Kijû Yoshida
- Bande annonce Imprimer
On le sait peu, le Japon des années 50 a connu sa guerre froide. Alors que larmée américaine était encore présente sur le sol japonais, un parti communiste ultra minoritaire mais actif menait sa guère de lombre. Cest sur cette période dengagements politiques troubles, qui est aussi la période de sa jeunesse, que revient Yoshida dans Purgatoire Eroica.
Ingénieur pour lagence de lénergie atomique, Rikiya Shôda travaille à la fabrication dun rayon laser. Un jour, Nanako, sa femme, rentre chez eux en compagnie dune jeune fille prénommée Ayu, quelle a trouvée en ville. Un homme, qui prétend être son père, vient la chercher, mais Ayu soutient que Rikiya et Nanako sont ses parents.
Par le biais de cette jeune fille, le physicien va peu à peu être rattrapé par son passé : des personnages quil a côtoyés dans sa jeunesse et perdus de vue depuis refont surface et lobligent à faire face à sa culpabilité dancien conspirateur. Alors quil senfonce de plus en plus dans le déni de son passé de militant, sa vie de notable se voit bouleversée par la jeune fille qui prend bizarrement possession de son couple. Bientôt son passé, son présent, et son futur se mêlent pour faire apparaître à quel point ses errements politiques passés ont été vains, malgré leur radicalité. Lirruption des personnages du passé, et la confrontation du physicien daujourdhui au personnage de scientifique consacré quil est appelé à devenir dans le futur se transforme bientôt en farce où quelle que soit sa sincérité, lengagement pour changer la société paraît ridicule.
Yoshida livre ainsi sa vision pessimiste de lengagement politique, dabord lié à limmaturité de la jeunesse, et qui lui paraît dérisoire face aux investissements de ladulte, en particulier par rapport à laccomplissement existentiel entre tous que livre la fin du film : la vie conjugale
Le film occupe une place particulière dans la filmographie de Yoshida. Après une première période artistique, celle du début des années 60, où Yoshida sinspire des cinémas de Jean-Luc Godard et de Jean-Pierre Melville (doù son rattachement par la critique à la Nouvelle vague japonaise), le cinéaste inaugure au tournant des années 70 une trilogie visant à explorer trois extrêmes socio-politiques du Japon au vingtième siècle : lanarchisme, le communisme et le nationalisme. Cest dans son uvre une sorte de sommet théorique et filmique, après lequel Yoshida laissera de coté le cinéma pour de longues années. Le premier de ces films est le fameux Eros + Massacre réalisé en 69 et sorti en salle avec un parfum de scandale en 70. Lannée suivante Purgatoire Eroica paraît et célèbre lenterrement de lagitation communiste au japon.
A le revoir aujourdhui, le film apparaît un exercice de style formaliste et radical bien dans la veine de Eros + Massacre. Au-delà de la vision personnelle du cinéaste, ce sont surtout les aspects plastiques qui sont intéressants : dans un superbe noir et blanc velouté, les personnages errent dans une grande ville moderniste et déserte, quelque part entre le Jacques Tati de Playtime et un tableau dun futuriste russe. Le cadrage ne sintéresse quaux angles, des surfaces planes géométriques et froides qui écrasent les personnages dans les coins et génèrent une sorte de monde mécanique et désert où les quelques individus vivants se débattent comme des pantins. Dans un rôle qui paraît dabord secondaire puis se révèle ensuite comme la clé de lintrigue, la belle Mariko Hokada, compagne et égérie du cinéaste, livre une interprétation remarquable.
Sorti à loccasion de la rétrospective Yoshida au centre Pompidou ce printemps (avec projection des films en présence du cinéaste himself !), lédition de Carlotta Film est élégante mais présente peu de bonus : la bande annonce originale du film au Japon en 1970, et surtout une introduction sous la forme dune interview du cinéaste de nos jours, dune dizaine de minute, qui constitue une entrée en matière pertinente à luvre.
Jean-Baptiste Perret ( Mis en ligne le 27/03/2009 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Eros + Massacre de Kijû Yoshida Adieu, clarté d’été / Femmes en miroir de Kijû Yoshida Aveux, théories, actrices de Kijû Yoshida | |
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