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Il y a quelque chose de pourri au Japon
avec Akira Kurosawa, Toshirô Mifune, Masayuki Mori, Kyoko Kagawa, Tatsuya Mihashi
Wild Side Video 2006 /  24.99  € - 163.68 ffr.
Durée DVD 210 mn.
Durée film 151 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : 1960, Japon
Titre original : Warui yatsu hodo yoku nemuru

Version : DVD 9/Zone 2
Format vidéo : PAL, 2.35 Master restauré
Format image : Noir et blanc, 16/9e compatible 4/3
Format audio : Japonais, Mono
Sous-titres : Français


DVD 2 : Bonus
- Akira Kurosawa défie les géants (36’)
- Dans l’ombre du guerrier : entretien avec Masahiko Kumada, assistant personnel de Kurosawa (26’)
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- Filmographies
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Japon, début des années 60. Les grands patrons font la loi, celle du marché. Pots-de-vin et marchés truqués sont monnaie courante, mais la justice veille. Seulement, elle est impuissante face une organisation où règnent la violence et une autre loi, celle du silence.

C’est là qu’intervient Nishi, homme discret et secrétaire particulier du chef d’une entreprise de construction. Le film s’ouvre avec son repas de mariage, dans un des immeubles de la firme, où Nishi épouse la fille handicapée de son patron. La séquence du mariage, longue et tendue, est magistrale. Une dizaine de journalistes sont sur le qui-vive. Hélas pour les nantis, ce ne sont pas des journalistes people. Ils attendent l’arrivée de la police et de ses mandats d’arrêt à destination des responsables de l’entreprise, accusés de corruption.

La tension est palpable et tout se déroule comme sur une scène de théâtre. Les policiers vont et viennent, attendant l’aval du procureur pour interpeller les suspects. Les journalistes vont des flics aux industriels, tentant de glaner des infos. Tout à coup, les mariés sortent de l’ascenseur. Le cérémonial ressemble alors plus à un rituel funèbre ou une mise à mort qu’à un heureux événement. La lente marche de la mariée, affligée d’une jambe paralysée, filmée en plan séquence par un travelling arrière, est terrible et ajoute à l’atmosphère inquiète du mariage. Et quand les différents pontes de l’entreprise prennent la parole pour féliciter les époux, les sueurs froides des coupables qui sentent la police dans leur dos prennent le dessus sur la bonne humeur. La cerise sur le gâteau de cette étrange repas, c’est justement le gâteau. Une pièce montée représentant l’immeuble de la compagnie, avec une fenêtre mise en évidence : c’est de là que s’est suicidé un employé de la firme. Suicidé ?...

Pour décrire le monde pourri qui lie politiques, fonctionnaires et entreprises, Kurosawa, dont c’est le premier film entièrement sous son contrôle via sa nouvelle compagnie «Kurosawa productions», opte pour un ton polar et une histoire de vengeance personnelle. La première partie met en scène les interrogatoires policiers et l’échec de l’enquête face à un réseau de sous-fifres fidèles jusqu’à la mort envers leurs patrons. Il y a un côté mafia chez ces petits gratte-papiers qui détournent l’argent du contribuable, et Kurosawa, pour le suggérer, use avec talent des codes du film noir américain, optant notamment pour un splendide noir et blanc très contrasté, auquel le DVD de Wild Side Video et sa belle copie rendent hommage.

Toutefois, même s’il se réfère en permanence au cinéma américain, Les Salauds dorment en paix reste très japonais et typique du réalisateur. En effet, dans sa deuxième partie, celle de la vengeance de Nishi, le film est empreint d’une violence confinant au sadisme, propre au cinéma nippon. De plus, le souvenir de la guerre est encore vif et donne à certains personnages une gravité tangible. Mais là où la touche de Kurosawa se fait le plus sentir, c’est dans la construction shakespearienne du récit, indéfectiblement liée à une forme de destin déjà écrit, une fatalité terrifiante.

Car si le film entretient l’espoir de voir Nishi triompher (Toshiro Mifune, dans un look d’employé modèle, est glaçant de détermination dans sa quête de vengeance), la chute brutale et pourtant inéluctable sonne comme la conclusion d’une tragédie classique, dans laquelle les pires ordures du monde continueront de dormir sur leurs deux oreilles.


Benjamin Roure
( Mis en ligne le 12/07/2006 )
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