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La Chute
avec Oliver Hirschbiegel, Bruno Ganz, Alexandra Maria Lara, Corinna Harfouch, Ulrich Noethen
TF1 Vidéo 2005 /  24.99  € - 163.68 ffr.
Durée film 150 mn.
Classification : Tous publics

Version : 3 DVD-9 Zone 2 PAL
Format image : 16/9 compatible 4/3
Format vidéo : 1.77
Format audio : Français 5.1 et allemand 5.1
Sous-titres : Français

Bonus DVD 1 :
Featurette (10 min.)
Lien Internet

Bonus DVD 2 :
Making of (57 min.)
Analyse historique des derniers jours d’Hitler dans son bunker (79 min.)

Bonus DVD 3 :
Dans l’angle mort – La secrétaire de Hitler (87 min.)
La fin de Hitler : interview de Bernd Freytag von Loringhoven, ancien aide de camp du chef d’état-major de la Wehrmacht, suivie d’un entretien entre Bernard Volker et Edouard Husson, historien de l’Allemagne (62 min.)
Interview de Rochus Misch, téléphoniste du bunker (61 min.)


Existe en DVD simple à 19,99 euros (film et featurette)

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Avril 1945. Le IIIe Reich s’écroule, les Russes ont pénétré dans Berlin ravagée par les bombardements, la capitale n’est plus qu’un champ de ruines. Adolf Hitler se retranche dans son bunker fortifié, sous les jardins de la Chancellerie, accompagné de ses généraux et de ses plus proches partisans. Il va y vivre ses derniers jours en abandonnant les Berlinois à leur sort,
avant de se suicider le 30 avril.

Oliver Hirschbiegel, le réalisateur de L’Expérience, un premier long métrage très remarqué en 2001, est le premier cinéaste allemand à aborder frontalement cet épisode de l’Histoire. Dans un souci de crédibilité, il s’est appuyé sur deux ouvrages de référence : Les derniers jours d’Hitler de Joachim Fest et Jusqu’à la dernière heure : la dernière secrétaire d’Hitler de Traudl Junge. Une secrétaire qui constitue le fil conducteur de l’œuvre, depuis son engagement au service du dictateur, en novembre 1942, jusqu’à sa fuite du bunker. Décédée en février 2002, Traudl Junge apparaît en tout début et fin de film, et dans des extraits d’un long entretien réalisé entre avril et juin 2001, Dans l’angle mort – La secrétaire de Hitler, l’un des bonus de cette édition 3 DVD.

Comment montrer ces jours d’enfermement dans le bunker et le chaos de la fin du régime ? Hirschbiegel joue la carte de l’hyperréalisme : les décors du drame, les costumes et accessoires, les éclairages blafards et irréguliers, le bruit de fond des bombardements aériens et des tirs d’artillerie, sont reconstitués avec un maximum de détails. D’autre part, le pari du réalisateur était de rendre Hitler et son entourage crédibles, de ne pas tomber dans la caricature, c’est-à-dire de rendre au Führer le visage humain que l’on s’efforce d’habitude de cacher. Dans ce rôle de dictateur tombant dans le gouffre, Bruno Ganz réalise une performance absolument stupéfiante et unanimement saluée, réussissant le tour de force de prendre non seulement l’apparence, les postures et les gestes, mais également la voix, la diction et l’accent austro-bavarois très particuliers de Hitler. Son interprétation tour à tour paternaliste (à l’égard de sa secrétaire ou des jeunes soldats qu’il décore), pathétique (dans sa démarche voûtée, ses tremblements), paranoïaque et effrayante (dans ses accès de rage et de délire) d’un homme de 56 ans usé et malade, mais gardant jusqu’au bout ses facultés de commandement, donne à réfléchir sur la complexité du personnage et son étrange pouvoir de séduction. « Il y a plus là-dedans que de la politique, affirme ainsi Bruno Ganz dans le making of, une attirance macabre ; les gens du bunker se sentaient comme aspirés dans un trou noir ».

L’ambiance irréelle, crépusculaire et oppressante qui s’installe lentement constitue une autre grande force du film. Dans la scène de bal improvisée par Eva Braun au bout d’une demi-heure, les danseurs ont déjà l’air de pantins réagissant mécaniquement à la musique et Traudl, prise de vertige, s’exclame : « Tout est comme dans un rêve dont on voudrait se réveiller, mais on ne peut pas ! » Une ambiance qui s’aggrave dès que Magda Goebbels pénètre dans le bunker avec ses six enfants et rédige la lettre expliquant pourquoi elle va les supprimer : « Le monde futur n’est pas digne d’eux. Dieu miséricordieux comprendra que je leur apporte moi-même la délivrance »… Et quand le surréalisme a envahi le moindre recoin du bunker (tous les hommes sont saouls, Hitler parcourt les couloirs comme un spectre, les enfants chantent des airs patriotiques…), le macabre peut atteindre son comble, lors d’une scène glaçante où Magda tue calmement ses enfants dans leur sommeil.

On peut quand même reprocher au film certaines longueurs et un dénouement (après la fuite du bunker) un peu relâché, qui en amoindrissent la tension globale. Et bien sûr, cette représentation de la chute d’Hitler a provoqué de vives discussions entre spécialistes : documentée et hyperréaliste, mais forcément différente à un certain degré de la réalité des faits, est-elle réellement utile à la compréhension des événements ? Ne court-on pas le risque que des spectateurs manquant de recul prennent cette représentation, forcément simplificatrice, pour argent comptant ? Le réalisateur était bien conscient du problème : « Nous risquons plus que de faire un film raté. Sa nature même en fait une entreprise risquée. »

En tout état de cause, La Chute peut donc difficilement se passer des nombreux bonus qui l’accompagnent, d’une durée totale de près de six heures… Combinés, ils arrivent à recadrer l’œuvre, à la replacer dans la complexe réalité. On retiendra d’abord l’analyse historique des derniers jours d’Hitler, riche en images d’archives saisissantes et en témoignages d’occupants du bunker, ainsi que l’entretien avec Traudl Junge, qui donne à réfléchir sur la capacité d’Hitler à tromper son entourage. Les interviews de Bernd Freytag von Loringhoven (ancien aide de camp du chef d’état-major de la Wehrmacht) et de Rochus Misch (téléphoniste), complétées par l’entretien avec l’historien Edouard Husson, montrent aussi à quel point les collaborateurs du Führer ont pu se cacher à eux-mêmes certains indices de sa politique d’extermination, et comment le peuple allemand, désireux de « laver la honte de 1918 », a pu se laisser conduire au désastre…


Ludovic Ligot
( Mis en ligne le 01/11/2005 )
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