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Allen, Olé !
avec Woody Allen, Scarlett Johansson, Penelope Cruz, Javier Bardem, Rebecca Hall
Warner Home Video 2009 / 29.99 € - 196.43 ffr.
Durée film 97 mn.
Classification : Tous publics |
Sortie cinéma, Pays : 2008, États-Unis
Version : 1 BD-25/Zones ABC
Format vidéo : 16/9 natif, 1080 p.
Format image : 1.85 (couleurs)
Format audio : Anglais, Français (Dolby Digital 3.0)
Sous-titres : Anglais, Français
Bonus : Aucun
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Woody Allen, infatigable observateur de la tribu bourgeoise anglo-saxonne, la met en situation ici dans un environnement décalé : un décalage entre les fantasmes européens de ces américains fortunés, sorte de résidu du Grand Tour de l'aristocratie et de la haute-bourgeoisie européennes des siècles passés, et la réalité locale, ici à la sauce espagnole. Le cinéaste s'est fait une spécialité de jongler avec les clichés, sans toujours prouver à son spectateur qu'il les contourne. Ici, certains a priori sur nos voisins ibères ne sont pas toujours corrigés... mais ils font la saveur du film, indubitablement.
Deux amies américaines à Barcelone. Vichy la sage et Christina la volage, deux archétypes d'une même bourgeoisie, la conservatrice et la bohème, se retrouvent dans la cité catalane chez des amis de Vicky. Cette dernière s'acclimate difficilement sous le soleil d'Espagne, languissant son cher fiancé d'outre-Atlantique, pendant que Christina se prête au jeu de la découverte et du dépaysement. Qu'incarne avec majesté le brutal et sanguin Juan Antonio, peintre torturé et poète, ex-amant-ou-presque d'une autre artiste tourmentée : Maria Elena. Séducteur en diable, Juan Antonio convainc Christina, et Vicky, plus hésitante, à sa suite, de se joindre à lui lors d'une escapade dans le nord du pays, à Oviedo, au coeur des Asturies...
Cette découverte par Christina, elle-même artiste, du monde du peintre, puis la rencontre avec la pétaradante Maria Elena, lui ouvrent des perspectives nouvelles...
Que la blonde yankee goûte en fait du bout des lèvres. Hippie bobo un tantinet évaporée, pour ne pas dire fade et lourde d'ennui, Christina se heurte contre un mur, ce couple formé par les deux Espagnols. Ils sont amants, passionnés, excessifs, sensuels... Ce n'est qu'une petite fille. Mais c'est contre ce mur, grâce aux étincelles causées par le choc, que le film prend tout son relief et s'extirpe d'un certain habitus allénien. Bref, la pesanteur perd de sa masse grâce à cet appel d'air provoqué par les deux personnages, et les deux acteurs qui les animent.
Car Scarlett Johansson fait pâle figure devant la comedia que lui jouent Penélope Cruz et Javier Bardem. Penélope Cruz surtout qui, ici dans son biotope, laisse libre cours à ce côté «racaille», à ses contours fille du peuple, qui la caractérisent auprès de ses concitoyens. Devant la caméra d'Allen, elle reprend les couleurs de la Jamona qu'elle est vraiment : elle gueule, gesticule et s'impose comme une poissonnière. Et elle est géniale. En plus d'être belle, pavé jeté dans la mare, perturbant cet univers smart et posé d'Américains intello-esthètes. À travers l'Espagne, Woody Allen se moquerait-il de lui-même ?...
Il n'échappe bien sûr pas à la réconfortante tiédeur des clichés. Ainsi, tout Espagnol aura souri devant ces airs andalous joués dans la capitale asturienne... un peu comme si l'on trouvait emblématique que des chants corses soient entonnés dans un village breton. De même pour tous ces passages obligés touristiques dans des teintes et une photographie bien trop apprêtées... Mais qu'importe. C'est justement de cette guerre des stéréotypes, de cet ébrouement humain et cinématographique, que Vicky, Christina, Barcelona tire son épingle du jeu et constitue une expérience intéressante et point déplaisante. À savourer...
Bruno Portesi
( Mis en ligne le 17/04/2009 )
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