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La solitude de l’écrivain | | | Mark Kharitonov Projet Solitude Fayard 2010 / 18.50 € - 121.18 ffr. / 240 pages ISBN : 978-2-213-63171-4 FORMAT : 13,8cm x 21,5cm
Traduction de Régis Gayraud Imprimer
Le personnage du roman de Mark Kharitonov est plus un anti-héros quun véritable héros : écrivain qui narrive pas à terminer un manuscrit, Zimine a été abandonné par sa femme, qui a emmené son fils pour sinstaller en Amérique ; il erre de réception littéraire ennuyeuse en rendez-vous pseudo-amoureux, sans autre passion que sa réflexion personnelle sur la solitude. Une rencontre, Sabine, visiteuse allemande et amante improbable, va déclencher en lui le désir dorganiser des rencontres télévisées pour solitaires afin de guérir ceux-ci des maux de la communication d'aujourd'hui. Projet avorté plus que raté, il ne le mènera pas à son terme, comme tout ce qui fait sa vie.
Difficile de sattacher vraiment à ce personnage qui traverse le récit plus quil ne linvestit ; il cherche dans les penseurs de labsurde, Kafka, Chestov, Beckett, un remède à son mal de vivre, et l'on cherche avec lui des raisons de sintéresser à cette vie que lon pourrait définir comme «entre parenthèses». Le problème est que Zimine tisse autour de lui un mur de solitude qui semble impossible à percer, et, surtout, un mur que, au bout dun moment, on na plus guère envie de percer. Comme si, sur le modèle de Zimine, qui ne vit rien avec passion et dont la vie nest, semble-t-il, faite que de médiocres renoncements, on se mettait aussi à renoncer à se passionner pour cette trajectoire au fur et à mesure que tournent les pages du roman
«Comment alors, ne pouvait-on pas se souvenir de Kafka ! Voilà quelquun qui était assez implacable avec lui-même pour distinguer derrière les constructions dune réalité conventionnelle des abîmes dans lesquels jeter un regard. [
] Les relations habituelles se sont désagrégées, se sont désintégrées, cest un processus naturel. Usées, abolies par le temps, mangées aux mites. Tu restes seul. On dirait que tu comprends mieux, mais il y a davantage dincompréhensible. Les mots sonnent comme ils lont toujours fait, mais leur sens, ce quils veulent dire, est-ce que tu peux enfin lexpliquer ?» (p.96).
Michel Pierre ( Mis en ligne le 22/07/2010 ) Imprimer | | |