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Comment interdire ce jeu ? | | | Olivier Weber La Mort blanche Albin Michel 2007 / 19.90 € - 130.35 ffr. / 343 pages ISBN : 978-2-226-18098-8 Imprimer
Pour commencer, trois indices signalent au lecteur quil risque de ne pas beaucoup samuser en lisant ce roman. Le titre dabord, La Mort blanche, qui évoque sans hésitation lhéroïne. Les illustrations de couverture ensuite : en haut, sur un arrière-plan de montagnes, se dessine la silhouette dun Afghan, coiffé du traditionnel pakol. En bas, on voit quelques pavots en fleur. Enfin, le nom de lauteur : Olivier Weber est grand reporter au Point et a déjà consacré plusieurs ouvrages à lAfghanistan, et au-delà à lAsie centrale, à la drogue ou à laction humanitaire. Bref, le lecteur a, demblée, une petite idée de ce qui lattend...
Deux Français ont disparu en Afghanistan, dans la vallée de Jurm, un coin sinistre, infesté de bandits de grand chemin, de crapules arriérées et de trafiquants de drogue, pour qui la vie humaine na, au mieux, quune valeur marchande. De ces deux Français, lun donne vite de ses nouvelles. Enfin, façon de parler : le corps du docteur Caroube est signalé se balançant paisiblement à un arbre de la vallée, pour le plus grand bonheur des charognards. Quant à lautre, Albane Berenson, une jeune humanitaire, pas de nouvelles. Cest pour la retrouver que Jonathan Saint-Eloi, son ancien ami, plongeur sous-marin, part pour Kaboul.
Cest le début dun triste périple, où lhéroïne et les milliards de dollars annuels que son trafic génère, sont présents à chaque pas. Jonathan visite Kaboul, capitale de la corruption, où tout le monde magouille et où pas grand monde ne se soucie de lutter contre la misère des Afghans, ou contre le renouveau du fondamentalisme et la renaissance des talibans. Il passe par San Francisco, doù certains tirent beaucoup de ficelles, et Rhodes, où dautres tentent de les démêler. Monaco, où lon blanchit largent, pour lui donner la couleur de la poudre. Karachi enfin, pour une plongée effrayante dans la capitale mondiale de lhéroïne. Un million de toxicos, qui hantent les rues et donnent à certains quartiers des allures de ville de zombies. Au passage, il rencontre des humanitaires dévoués et dautres véreux, des diplomates cyniques, des barbouzes, des intérêts pétroliers ou encore les services secrets pakistanais. Vraiment rien pour déclencher lhilarité.
La Mort blanche est un roman-reportage. Le déroulement de lintrigue sert à éclairer les dessous du nouveau «Grand jeu» qui se joue en Asie central, et dont lAfghanistan est la case centrale, et lhéroïne et le pétrole les deux matières premières. Une fois la lecture terminée, on peut se dire quon a ouvert les yeux sur certaines réalités. Mais on doit immédiatement constater que lon n'a pas vraiment les moyens dy faire quoi que ce soit ; ce qui prolonge le malaise.
Antoine Picardat ( Mis en ligne le 10/12/2007 ) Imprimer
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