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Poches -> Littérature |
| Olivier Rolin Un chasseur de lions Seuil - Points 2009 / 6,50 € - 42.58 ffr. / 234 pages ISBN : 978-2-7578-1460-4 FORMAT : 11cmx18cm
Première publication en août 2008 (Seuil). Imprimer
Un chasseur de lions compte trois personnages principaux. Il y a tout dabord Pertuiset, le chasseur de lions lui-même. Il y a ensuite Manet, Édouard Manet, qui a représenté Pertuiset sur une toile intitulée
Le Chasseur de lions. Il y a enfin Olivier Rolin, qui a découvert la toile au musée de Sao Paulo et à qui est venue lidée de ce roman en forme denquête.
Ce Pertuiset, tel que peint par Manet et décrit par Rolin, est un gros balourd un peu ridicule. Le contraste entre ce personnage de vaudeville ou du cinéma muet et le précurseur de limpressionnisme a intrigué Rolin. Quest-ce qui a bien pu rapprocher deux hommes aussi différents ? Pourquoi Manet choisit-il de peindre, sans beaucoup de complaisance il est vrai, ce viandard ?
Pour comprendre comment sest formé cet improbable duo, Rolin se lance sur les traces de Pertuiset. Il conduit le lecteur de lAlgérie, où Pertuiset tua son lion, à la Terre de feu, où il monta une rocambolesque et pitoyable exploration, à la recherche du trésor des Incas ! Il lemmène aux Tuileries, où Pertuiset attend vainement doffrir sa peau de lion à Napoléon III, et à Lima, où les révolutions se succèdent à un rythme digne de LOreille cassée. Avec Manet, on reste à Paris. Sur les lieux où il vécut, en compagnie des personnes, notamment des femmes, quil fréquenta et qui linspirèrent, au milieu des événements, la Commune ou le procès du traître Bazaine.
Mais cest aussi ses propres souvenirs que recherche Rolin. Ceux dAmérique du Sud, quil a beaucoup parcourue. Ses souvenirs de Paris, qui fut le centre du monde, une ville dart, didées et de vie, qui se dilue lentement dans lindifférenciation de la mondialisation et luniformisation mercantile.
Souvent drôle, tant les personnages et les situations sont risibles, parfois acerbe, devant des comportements ou des évolutions qui, décidément, ne lui plaisent pas, Olivier Rolin devient progressivement mélancolique. Manet meurt, Pertuiset sévanouit dans les brumes de lhistoire, et, pour lauteur lui-même, cette chasse aux souvenirs devient douloureuse, car elle lui rappelle que si l'on peut chasser et tuer les lions, on ne peut rien contre le temps, contre le fait que chacun a le sien et que celui-ci a, pour nous, un terme.
Antoine Picardat ( Mis en ligne le 06/11/2009 ) Imprimer
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