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Auschwitz, le monde savait-il ?
avec Didier Martiny
MK2 2005 /  19.99  € - 130.93 ffr.
Durée film 52 mn.
Classification : Tous publics

Version : DVD 9 / Zone 2
Format image : 1.33
Format audio : Français, Mono

Les Bonus :
Entretiens avec Giovanni Miccoli (Historien, spécialiste du Vativan) sur le rôle du Vatican face aux nazis (27mn)
Entretien avec Jean-Charles Scurek (Sociologue, spécialiste de la Pologne) sur le cas polonais (30mn)
Entretien avec Elie Barnavi (Historien, ancien Ambassadeur d’Israël en France) sur l’attitude des juifs de Palestine face au sort des juifs d’Europe(33mn)

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Auschwitz ou la métonymie de l’extermination nazie, un camp de concentration-élimination dans lequel plus d’un million d’êtres humains périrent de façon « industrielle. » Cette politique logistique et rationalisée de l’assassinat humain était-elle connue des Alliés au moment où elle fut mise en place ? Cette volonté délibérée de rayer de la surface de la Terre tous les « dangers potentiels » pour le régime nazi (les juifs d’Europe, les communistes, les handicapés, les homosexuels, les tsiganes….), était-elle volontairement éludée par le reste du monde ou ignorée par tous ? C’est cette question délicate que décide d’affronter Didier Martiny en s’attaquant à l’un des derniers tabous sur la seconde guerre mondiale, celui de la non-assistance des Alliés face à l’horreur de la Shoah.

Ce DVD éclaire donc sous un angle nouveau, celui de la responsabilité du monde entier face aux crimes nazis, la problématique de la seconde guerre mondiale et de la libération des camps, commémorée cette année par de nombreux films et ouvrages (dont certains déjà chroniqués sur ce site). Il retrace à travers les témoignages d’une dizaine de spécialistes de la question nazie l’évolution mois après mois de la stratégie menée par Hitler pour faire disparaître définitivement toute la population juive du continent européen (11 millions d’individus). Cette obsession idéologique se doublant de la volonté d’éliminer le plus rapidement possible les adversaires désignés du Reich, à savoir les sous-êtres (handicapés, homosexuels, tsiganes…) et les communistes.

Ainsi, dès 1939, la nature même du régime nazi est connue de tous : en effet, Hitler prononce un discours dans lequel il menace explicitement « d’exterminer la race juive d’Europe », fait inédit pour un chef d’Etat. Dans le même temps, le Reich élimine près de 100 000 handicapés mentaux ou physiques par gazage, test grandeur nature des méthodes qui serviront plus tard pour les juifs.
Enfin, l’Allemagne envahit la Pologne et commence à traquer sans relâche et à assassiner tous les juifs polonais. Ceux qui ont vu Le Pianiste de Polanski ont encore en mémoire ces images terribles des rafles anti-juives et la création du ghetto de Varsovie, véritable anti-chambre des camps de la mort.
Si l’on ajoute à cela la promulgation de lois raciales dès 1935 ainsi que la fameuse Nuit de Cristal de 1938 durant laquelle se multiplièrent les exactions envers les populations juives allemandes, on est convaincu que dès le début de la guerre, les Alliés et les pays neutres (le Vatican entre autres) connaissent la volonté des nazis d’exterminer les juifs d’Europe.

Le film qui retrace les attitudes de chacun (les Américains, les Russes, le Vatican, les juifs de Palestine…), nous démontre en fait que deux facteurs essentiels se sont télescopés : la rapidité de l’action nazie et un antisémitisme international larvé. Ainsi, quand la Russie est envahie par les Allemands en 1941, et que l’intelligentsia juive est décimée en même temps que les cadres du Parti, Staline ne fait pas grand bruit de ces assassinats ciblés car il connaît l’antisémitisme fortement implanté dans les milieux ouvriers. De même, quand les américains apprennent l’existence officielle d’un plan d’extermination des juifs d’Europe à l’automne 1942, les grand journaux, principalement tenus par des juifs, n’en font pas étalage pour ne pas effrayer leurs lecteurs et avoir l’air de favoriser leurs intérêts. Idem pour Hollywood, majoritairement juif, qui ne produira aucun film traitant de la Shoah durant cette période. Le gouvernement américain cristallisera cette attitude en considérant la question juive comme non-prioritaire, la priorité étant de gagner la guerre.

Le Vatican entretiendra également avec les nazis des relations troubles alors même que son réseau de prêtres et de nonces était au courant des pratiques d’éliminations systématiques des juifs ; d’une part par peur de voir gagner l’URSS, grand ennemi de toujours, et d’autre part par un fort sentiment antisémite présent dans les arcanes du pouvoir papal, historiquement tenace.
Pour preuve la pression exercée par le Vatican sur le nouveau gouvernement post-mussolinien de 1943 pour ne pas abroger les lois anti-juives en Italie. Amen de Costa-Gavras relate parfaitement cet épisode sombre de l’Eglise catholique.

Les Anglais, quant à eux, très préoccupés par le nombre de réfugiés juifs qui pourraient débarquer en masse en Palestine, alors sous mandat britannique, préférèrent conserver leurs bonnes relations avec le monde arabe et ignorer le problème. Enfin, la France de Vichy, qui avait dès 1940, emboîté le pas au Reich en proclamant à son tour des lois raciales anti-juives, signa l’une des pages les moins glorieuses de son histoire en accélérant les déportations de juifs français en direction de l’enfer (voir ou revoir à ce propos le film Pétain).

On est donc loin de l’ignorance internationale véhiculée par certains désireux de ne pas ternir le courage des Alliés ou la neutralité du reste du monde. La « découverte » des camps n’eut donc pas lieu en 1945, mais bien dès 1942, au moins. Un soixantième anniversaire que l’on aurait dû commémorer il y a trois ans… L’un des historiens affirme donc qu’en réalité, ce qui a joué en la défaveur des juifs, c’est le temps. En fait, « l’horloge du temps ne marchait pas à la même vitesse pour les juifs et pour les autres. Pour les juifs, elle marchait beaucoup plus vite. »

Le film enfonce le clou en ponctuant ces terribles déclarations d’images atroces, des monceaux de cadavres poussés dans les fosses communes par un engin de chantier, des corps squelettiques entassés à l’air libre, des tonnes de cheveux ou de lunettes rappelant les images clés de Nuit et Brouillard, archives qui recontextualisent l’attentisme et la culpabilité des Etats opposés au IIIème Reich. Un attentisme que l’on aura pu retrouver plus près de nous lors du génocide rwandais ou de l’épuration ethnique en Yougoslavie, et qui à moindre échelle, révèle les même failles et les mêmes ressorts de l’âme humaine, ceux qui font dire à Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, L’Humanité, c’est une poignée de héros, une poignée de salauds, et au milieu, des hommes comme vous et moi, pris dans un réseau d’obligations sociales et familiales, qui trouvent toujours d’excellentes excuses pour ne rien faire.

Un document important, pour ne pas oublier que les grands drames de l’Histoire sont souvent amplifiés par la lâcheté et la passivité des grands de ce monde.


Matthieu Charter
( Mis en ligne le 21/03/2005 )
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