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Molière ressuscité
avec Laurent Tirard, Romain Duris, Fabrice Luchini, Ludivine Sagnier, Laura Morante, Edouard Baer
Wild Side Video 2007 /  24.99  € - 163.68 ffr.
Durée film 115 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : France, 2007
Sortie DVD : 26 septembre 2007

Version : 2 DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, format 2.35
Format image : Couleurs, 16/9 compatible 4/3
Format audio : Français Dolby Digital 5.1 et DTS
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants


DVD Edition Collector

DVD 1 :
- Le film
- “ Les mots sont des armes”
- Les répliques cultes du film en audio en en video
- Le film à écouter en intégralité en mp3 audiovision

DVD 2 : Bonus
- Histoire de Molière (37 mn)
- Anatomie de séquences : analyse et commentaire par le réalisateur Laurent Tirard et son co-scénariste Grégoire Vigneron (26 mn)
- Filmographies
- Souvenirs de tournage (17 mn)
- A l’école de Molière (entretien avec Fabrice Luchini, 9 mn)
- Scènes coupées (25 mn)
- Retour sur le film (17 mn)
- Bande annonce
- Galerie photos
- Court-métrage (7 mn)
- Parti Rom
- Crédits

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En voulant faire un film de fiction sur une période mal connue de la vie de Molière, Laurent Tirard a tenté de faire du Molière, à sa juste échelle. C'est-à-dire une comédie de mœurs rendant hommage à l’œuvre théâtrale de l’écrivain avec l’inclusion de celui-ci dans l’intrigue. Comme il le dit dans les entretiens présents sur le DVD, le réalisateur s’est inspiré des différents personnages célèbres présents dans les pièces de Molière pour créer, dans un condensé, ceux du film, ainsi qu’une intrigue sentimentale s’y prêtant. D’ailleurs, ce sont quelques noms de personnages des pièces du dramaturge qui sont repris ici : Jourdain, Célimène, Elmire et Dorante.

Partant de la biographie de Molière qui a fui sa troupe de théâtre durant deux ans alors qu’il n’avait que 22 ans, Tirard imagine ce qui a pu révéler chez lui son œuvre à venir. Alors que Molière (Romain Duris) est en prison pour non paiement de ses dettes, un noble, Jourdain (Fabrice Luchini, toujours excellent dans le registre du bouffon vulnérable), fait appel à lui d’abord pour qu’il fasse l’acteur dans une pièce qu’il a écrite pour une courtisane (Ludivine Sagner) qu’il cherche à conquérir, ensuite pour qu’il l’aide à écrire ses éventuelles missives amoureuses. Là, le jeune Poquelin rencontre Elmire (Elsa Morante, l'une des plus belles actrices au monde, sachant parfaitement doser son jeu entre la femme, la mère et l’amante), la femme de Jourdain dont il tombe amoureux. Cette dernière va être un élément déclencheur de son talent d’auteur tragi-comique. S’ouvre alors une véritable comédie de mœurs, un chassé croisé amoureux entre les personnages de la maison, tournant inévitablement autour du chef de famille. Chacun mentant à l’autre en vue de le duper et se perdant dans sa propre illusion. Les mécanismes de l’âme se révélent par une mise en scène classique (quoique inventive dans certains passages) servant le jeu des acteurs et défendant le genre de la comédie en y incluant de nombreuses scènes aux dialogues souvent raffinés, rendant compte de la langue du XVIIe siècle.

L’on passe, durant tout le film, de la vie de la maison de Jourdain à celle des salons de la cour du roi. L’esprit de l’époque est gardé intact avec ses codes, ses règles et ses artifices. Tout passe par le langage, même lorsque celui-ci n’est que parade ou pis-aller. L’on parle beaucoup, forcément, à coup de bons mots, de rythme soutenu, de prosodie maîtrisée même si l’emphase mène la plupart du temps au ridicule. On pense d’ailleurs au film Ridicule de Patrice Leconte lors des sempiternels jeux de duels rhétoriques dans les salons cossus de la cour.

Le film est un hommage à l’art de la comédie, aux acteurs. Qu’est-ce qu’un acteur si ce n’est celui qui par définition, pratique le mensonge ? Le film commence par un mensonge (Molière passant auprès d’Elmire pour un précepteur alors qu’il a été engagé comme acteur par son mari pour la duper en quelque sorte.) et tout le film joue sur l’aspect mensonge/vérité que chacun pratique à tour de bras, le menteur étant souvent à la recherche de la vérité de l’autre. D’ailleurs, la scène finale insiste sur l’impact de la vérité sur le destin de ces personnages. Ces derniers ne sont pas traités de manière complaisante, chacun étant prisonnier de son propre aveuglement : Molière par l’orgueil, Elmire par la coquetterie, Jourdain par le mensonge, Dorante par la manipulation, et Célimène par l’apparence. Chacun révélant à l’autre directement ou indirectement ce qui lui fait faux bon. Pas de manichéisme ici, mais à travers cette comédie de mœurs, une juste répartition des failles et des forces de ce qu’est la comédie humaine. Personne n’est méprisable, mais tout le monde n’est pas sans illusion sur lui-même… En cela, le film est un hommage sobre, et non dénué d’intérêt, à l’œuvre du célèbre dramaturge.

Les comédiens, comme souvent dans ce type de films, donnent tout leur savoir-faire. Inutile de revenir sur eux, ils font proprement leur travail. Le grotesque, la force ou l’authenticité de chaque caractère y sont bien représentés.

Enfin, la morale de l’histoire : La relation du dramaturge avec Elmire qui révèle le talent tragi-comique de Molière, le poussant à créer son œuvre sur ce plan et non sur le registre purement dramatique comme il le voudrait (sans y parvenir), renonçant à lui par convenance sociale et culturelle, le retrouvant au seuil de sa mort 13 ans après alors que Molière n’a pu l’oublier, clôt le chapitre sur cette histoire d’amour impossible mais porteuse de génie.

Ce film, aidé par un scénario très soigné (notamment au niveau des dialogues, ce qui devait être le principal facteur pour ce genre de film d’époque relatant l’œuvre et l’histoire d’un écrivain de la trempe de Molière), ne souffre pas des longueurs ou artifices que l’on attendait au tournant. La légèreté l’emporte sur l’édifice moliéresque, ainsi que la sobriété de la mise en scène sur les va-et-vient des personnages. Ce film propose quelques axes de réflexions intéressants sur l’art de la comédie, lui-même étant réalisé un peu comme un exercice de style. Au final, pas ou peu de changement de situation après toutes ces péripéties, mais une prise de conscience commune des faiblesses ou de la force des personnages.

Les bonus présentent de manière assez consensuelle les inévitables entretiens avec l’équipe, le dévoilement des coulisses, la genèse du film, le making-of, les retours sur quelques scènes charnières. Tillard, porté par son projet, explique et commente son film dont il semble fier du résultat. Mais on préférerait parfois se contenter du film en ignorant l’aspect technique et biographique qui est à son origine. Apprécier le talent d’un cinéaste sans connaître les secrets qui ont contribué à la fabrique du film est souvent plus intéressant pour réfléchir sur ce dernier.


Jean-Laurent Glémin
( Mis en ligne le 28/09/2007 )
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