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Films -> Drame |
Très loin du Vietnam avec Jean-Luc Godard, Jean-Pierre Léaud, Chantal Goya, Marlène Jobert Arte Vidéo 2004 / 24.99 € - 163.68 ffr. Durée film 100 mn. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma : 1966, France
Version : DVD9/Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1.37 (noir et blanc)
Format audio : Français (mono)
Bonus :
Livret, Masculin féminin, ou l’an 01 de Jean-Luc Godard
L’Inépuisable modernité, discussion entre Freddy Buache et Dominique Païni
Bande-annonce originale du film
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Masculin féminin, Ours dargent au festival de Berlin, sinspire librement dune nouvelle de Guy de Maupassant, La Femme de Paul, lhistoire dun garçon amoureux dune fille, elle-même amoureuse dune autre fille. Jean-Luc Godard oublie, cependant, vite ladaptation pour dériver vers une enquête sur la jeunesse, et ses préoccupations, deux ans avant les événements de mai 1968. Paul (Jean-Pierre Léaud), prolétaire idéaliste et romantique, militant contre la guerre du Vietnam (un enfant de Marx), courtise Madeleine (Chantal Goya), apprentie chanteuse yé-yé, arriviste et superficielle, qui ne rêve que de marques américaines (une enfant de Coca-cola).
Le cinéaste pose un regard lucide sur létat de la jeunesse française des années soixante, comme lavaient fait précédemment Jean Rouch et Edgar Morin, dans Chronique dun été (1961), et Bertrand Blier, dans Hitler, connais pas (1963). Ces films livraient des témoignages de jeunes de différents milieux, ainsi que leur vision de lavenir. Jean-Luc Godard choisit, quant à lui, de réaliser une fiction, tout y intégrant des personnages qui interprètent leurs propres rôles. Antoine Boursillier, metteur en scène de théâtre, fait répéter une scène des Prodiges de Vauthier à Brigitte Bardot dans un café.
Dans les bistrots, lieux privilégiés des rencontres au temps de la Nouvelle Vague, des sons de la vie moderne (bruits de la rue, bribes de conversations, sonnerie de téléphone) se superposent. Certaines scènes, tournées à la manière dun documentaire, rejoignent le réalisme de la bande-son, en sinspirant des premières émissions de reportages à la télévision, telle que « cinq colonnes à la une ». Les deux héros, sans champ-contrechamp mais en plan fixe, se questionnent à tour de rôle dans les toilettes des bureaux du groupe de presse Filipacchi. Paul, devenu enquêteur à lIfop, simpose aussi interviewer lorsquil interroge, en hors-champ, la jeune égérie 1965 du magazine Mademoiselle 19 ans. Ce long échange sur la politique et la sexualité avec un archétype, répondant de façon convenue, se trouve précédé dun impitoyable encart : « dialogue avec un produit de consommation ». Cette assertion manuscrite résume lhumour désabusé de Godard qui offre, une fois de plus, une uvre visionnaire annonçant les dérives de la société actuelle où les idéaux révolutionnaires ont été supplantés par le matérialisme. Pensée quil traduit dune phrase, dite en voix off, sapparentant à une prière consumériste : « donnez-nous la télévision et une auto, mais délivrez-nous de la liberté. »
Jean-Luc Godard fait preuve dun réel pessimisme en analysant la communication impossible entre les hommes et les femmes (dans le titre le mot "Masculin" nest pas séparé par un trait dunion de celui de "féminin"), et en dénonçant, par des stéréotypes et des clichés, la société qui se met en place. Il aborde lhégémonisme américain à travers la guerre du Vietnam, et la violence plus ou moins sous-jacente engendrée par la société de consommation, ainsi que des thèmes peu développés par le cinéma de lépoque, tels que lavortement, la pornographie, lhomosexualité. Tout passe par le regard du personnage interprété par Jean-Pierre Léaud, acteur médium et témoin, quasiment omniprésent à lécran. Cette modernité est dailleurs soulignée, dans le supplément, par Buache et Païni. Ils discutent en toute convivialité autour dun verre de vin rouge et restituent laccueil mitigé fait au film à sa sortie tout en le replaçant dans le contexte actuel. A noter, la métaphore osée du tricotage de pull par lex-directeur de la Cinémathèque de Lausanne. Le bonus présente également la bande-annonce originale avec en fond sonore une éprouvante chanson de Chantal Goya
Corinne Garnier ( Mis en ligne le 13/12/2004 ) Imprimer
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