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Pour la bonne cause avec Alfred Hitchcock, John Blythe, The Moliere Players Montparnasse - RKO 2006 / 9.99 € - 65.43 ffr. Durée film 55 mn. Classification : Tous publics | Sortie Cinéma, Pays : 1944, France/Grande-Bretagne
Version : DVD 5 / Zone 2
Format vidéo : 4/3
Format image : 1.33 (noir et blanc)
Format audio : Français (Mono)
Sous-titres : Sans Imprimer
Les éditions Montparnasse ont le chic pour exhumer des petits joyaux des studios RKO des années 40. Et pour faire revivre des films oubliés ou introuvables. La sortie sur un seul DVD de deux films très mineurs mais jusquici invisibles dAlfred Hitchcock correspond plutôt à un travail darchiviste et de satisfaction des fans. En effet, Bon voyage et Aventure malgache ne figureront jamais dans le Panthéon des uvres du cinéaste, car ce ne sont que deux commandes, bien exécutées certes, mais sans réelle profondeur et à la qualité technique très moyenne.
Surtout, ce sont deux films de propagande alliée, ce qui limite de fait leur intérêt purement cinématographique. Mais pas laspect historique car il est toujours intéressant de voir comment les gouvernements et les forces armées conçoivent les opérations psychologiques. Tournés en français, ces deux moyens métrages devaient être diffusés dans lHexagone, dès le départ de loccupant, pour évoquer lhéroïsme de la Résistance et la fourberie de lennemi. Très patriotique, le générique précise que ces films ont été réalisés «dans les Studios Welwyn, Angleterre. Avec la collaboration des auteurs, artistes et techniciens de langue française en service en Grande-Bretagne.»
Bon voyage raconte lexfiltration dun agent britannique de la France occupée vers lAngleterre, avec laide dun résistant français, qui savère en fait être un espion nazi. Le film se lit comme une petite leçon de méfiance à lusage des honnêtes Français. Lhistoire est dabord racontée par lofficier britannique : comment son compagnon français a réussi à échafauder un plan pour sévader, comment il a trouvé des alliés au sein de la Résistance, comment il a frôlé la mort pour lui
Puis elle est narrée par le supérieur du soldat, avec un autre point de vue : celui du traître. Lennemi est partout, prenons garde ! Bien monté et raconté on sent tout de même par moments la patte du maître du suspense Bon voyage se laisse regarder, comme une curiosité dépoque.
Aventure malgache est également construit sur le mode «tonton Alfred vous raconte une histoire», mais celle-ci est nettement plus décalée. Elle met en scène un avocat français de Madagascar qui résiste aux collaborateurs et monte son propre réseau de résistance sur lîle. Alfred Hitchcock a expliqué à François Truffaut, lors de leurs fameux entretiens (publiés par Gallimard), les circonstances de conception du film : «On construisait les scénarios dans ma chambre du Claridge Hotel et il y avait là beaucoup dofficiers français, dont un certain commandant ou colonel Forestier qui nétait jamais daccord sur rien. Nous nous sommes rendus compte que les Français libres étaient très divisés entre eux et justement ce genre de conflits a été le sujet du deuxième film, Aventure malgache. Il y avait un type, un Français, à la fois acteur et avocat, qui sappelait Clarousse dans la clandestinité ; il avait une soixantaine dannées mais il était très vigoureux et toujours en bagarre avec les Forces Françaises Libres, à tel point que ses camarades lavaient emprisonné à Tananarive! Lorsque nous avons terminé cette histoire-là, qui était absolument réelle, racontée par Clarousse lui-même, il y a eu un désaccord à propos de ce film et je crois quils ont décidé de ne pas le diffuser.»
Le film est au final très théâtral et brosse des portraits à gros traits des collabos et des résistants de la première heure. Mais lhistoire est amusante et bien interprétée (contrairement à la première, qui souffrait notamment du jeu en français dun acteur anglais).
Ce DVD, qui ne contient aucun bonus, même pas de présentation, contrairement à la plupart des films de la collection RKO, est donc un objet à posséder pour tous les fans absolus dHitchcock, qui veulent compléter leur collection ou pour tous les historiens curieux du cinéma de propagande allié. Les autres, passez votre chemin, le cinéma de guerre ou despionnage de ces années-là compte nombre de fictions bien plus réussies.
Benjamin Roure ( Mis en ligne le 12/10/2006 ) Imprimer
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