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Nos années sauvages
avec Wong Kar-Wai, Leslie Cheung, Maggie Cheung, Andy Lau, Carina Lau
ARP 2004 /  25  € - 163.75 ffr.
Durée film 90 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma : Hong Kong, 1990
Titre original : Days of being wild

Version : DVD-9 Zone 2 PAL
Format vidéo : 16/9 anamorphique (compatible 4/3)
Format audio : Dolby Digital Cantonais 2.0
Sous-titres :Français

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Un oiseau qui ne s’arrête jamais de voler et ne se pose que pour mourir : ainsi se rêve Yuddi, jeune séducteur désœuvré de son état, dans le Hong Kong du début des années 60. Par ses pauses indolentes et ses phrases narquoises, il attire facilement la gracieuse Su Li Zhen, vendeuse de sodas, la rejette nonchalamment, puis met le grappin sur l’effrontée Lulu, une danseuse bien décidée à ne pas le lâcher. Mais le jeune homme a une autre obsession en tête : retrouver sa vraie mère, qu’il n’a jamais vue. Une quête de reconnaissance sans doute vouée à l’échec…

Deuxième long métrage de Wong Kar-Wai, Nos années sauvages, réalisé en 1990, affiche déjà le style très reconnaissable de son auteur, ainsi que ses thèmes de prédilection : l’errance sentimentale, la solitude, la quête d’identité, les rencontres furtives, le temps et la mémoire. Tous les éléments de l’esthétique visuelle et sonore du cinéaste sont déjà en place : une musique datée et en décalage par rapport au cadre de l’action (ici, les accords latinos de Xavier Cugat et de la guitare hawaïenne), des lieux souvent cloisonnés (couloirs, chambres, escaliers), des cadrages, des couleurs et des lumières très soignés, des acteurs et des robes magnifiques, des voix off éparpillées… La progression de l’histoire s’effectue lentement, par « glissements » successifs, dans une langueur moite, une sorte d’inaction hypnotique ponctuée d’éclats de bruit et de violence. La narration piétine, bifurque, se morcelle, les lieux et les situations semblent se répéter, comme prisonniers de la mélancolie et de l’insatisfaction des personnages.

Déjà subtil à l’époque, Wong Kar-Wai souligne par ces procédés, qui donnent au film un air de construction instable et insaisissable, le désir déçu d’échapper au cours normal du temps, source d’impasses en tous genres, pour se réfugier dans les souvenirs ou l’illusion. Par son esthétique radicale (trop froide, lissée et artificielle, selon ses détracteurs), le cinéaste dépeint les vertiges langoureux de la mélancolie, de la perte et de la fuite (du temps, des sentiments, des repères). Derrière sa façade égoïste et insensible, Yuddi cache ainsi une blessure profonde provoquée par l’abandon maternel, qui le pousse dans une recherche désespérée et autodestructrice. De même, la volcanique Lulu ne peut se résoudre à le perdre, tandis que Sab, l’ami de Yuddi, voudrait à tout prix conquérir ladite Lulu, malgré des refus cinglants. Tous courent après des chimères, aucun ne trouve le réconfort.

Les films suivants de Wong Kar-Wai ne cesseront, par une recherche esthétique de plus en plus radicale, de creuser les mêmes sillons obsessionnels, jusqu’à 2046, qui constitue l’aboutissement de cette démarche, sans doute aussi son point limite. Nos années sauvages peut ainsi être considéré comme une sorte de modèle, une matrice de l’œuvre future.

D’une certaine manière, la réunion de Nos années sauvages, In the Mood for Love et 2046 forme même une trilogie, du moins symboliquement… L’auteur devait en effet donner à ce film une suite directe, avec Tony Leung dans le rôle d’un joueur professionnel, mais le projet ne s’est jamais concrétisé. De cette suite avortée, il reste le dernier plan de Nos années sauvages, le seul où figure l’acteur, et qui laisse évidemment perplexe… Mais rien n’interdit de considérer ce joueur et le personnage de In the Mood for Love comme un seul et même homme, à dix ans d’intervalle. Après tout, 2046 est bien la suite de In the Mood for Love, tout en ne l’étant pas vraiment non plus ! Même si l’on considère - avec raison - ce raisonnement comme franchement alambiqué, la comparaison des trois films montre bien à quel point Wong Kar-Wai est resté fidèle à ses thèmes et à son esthétique, tout en les approfondissant.


Ludovic Ligot
( Mis en ligne le 23/05/2005 )
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