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De Jules Verne à Shakespeare
avec Fritz Lang
MK2 2007 /  59,99  € - 392.93 ffr.
Durée DVD 1130 mn.
Classification : Tous publics

Ce coffret contient :
- "Les Espions" (2 DVD)
- "Metropolis" (2 DVD)
- "La Femme sur la Lune"
- "Dr. Mabuse, le joueur" (2 DVD)
- "Les Nibelungen : La mort de Siegfried + La vengeance de Kriemhilde" (2 DVD)

Sortie Cinéma, Pays : Allemagne
Sortie DVD : 7 Novembre 2007

Version : 9 DVD 9, Zone 2
Format vidéo : PAL, format 1.33
Format image : N&B, 4/3
Format audio : Muet / Musique Dolby Digital 2.0 et 5.1
Sous-titres :Cartons en Allemand, Français et Anglais


Bonus :
DVD 2
- "Un film court, mais avec beaucoup d'action" (69')
- Présentation de la collection Fritz Lang
DVD 3
- Commentaire du film en français, allemand, anglais, espagnol, italien
DVD 4
- Le cas Métropolis : tout ce qu'il faut savoir sur Métropolis (de l'art au cinéma, de Caligari à Métropolis, de Vienne à Berlin, l'architecture imaginaire, ...) (43')
- La restauration numérique (10')
- Galerie photos : décors, costumes, dessins, scènes inédites...
- Biographies
DVD 5
- Présentation de la collection Fritz Lang
DVD 7
- La musique de Mabuse (12'57")
- Norbert Jacques : l'invention littéraire du Dr Mabuse (9'35")
- Les motifs et thèmes de Mabuse (29'55")
- Galerie photos
- Biographies
DVD 8 + 9
- "Les Nibelungen, un mythe allemand" : documentaire (45')
- Présentation de la collection Fritz Lang

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.

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Né en 1890 et mort en 1976 à Beverly Hills, Fritz Lang n'est plus à présenter, sinon comme le réalisateur de chefs d'œuvres tels que Le Testament du docteur Mabuse (1922), Métropolis (1927) et M. le Maudit (1931). Avec La Femme dans la Lune, tourné en 1928 juste après Les Espions (1928) et juste avant M. le maudit, c'est à la fois la dernière œuvre muette de Fritz Lang et l'ultime superproduction des studios UFA avant la crise de 1929. Ecrit par la femme de Fritz Lang, Thea von Harbou, La Femme dans la Lune pâtit d'une intrigue mollassonne. L’histoire est fort simple : il y a trente ans, le professeur Manfeldt (Klaus Pohl) s'est fait ridiculiser par un aréopage de confrères en prétendant qu'il y aurait des mines d'or sur la lune. Aujourd'hui, Wolf Helius (Willy Fritsch), qui veut construire une fusée pour se rendre sur l'astre mort, rend visite au vieux professeur et cherche des commanditaires. Friede Velten (Gerda Maurus) et son fiancé, l'ingénieur Hans Windegge (Gustav von Wangenheim), sont intéressés par le projet.

Certes, pour l'époque, le film devait en mettre plein les mirettes, notamment par le réalisme pointilleux d'une recherche spatiale menée alors par les savants Hermannn Oberth et Fritz von Hoppel, conseillers techniques sur le film et futurs artisans de la conquête de l'espace. Aujourd'hui, le film fait un peu papier mâché et rappelle plus Jules Verne que 2001, l'odyssée de l'espace (1968). Quarante ans séparent le film de Lang de celui de Stanley Kubrick (c'est dire les progrès entre les deux époques !) comme quarante autres années nous séparent de 2001, l'odyssée de l'espace. Bref, on sourit plus que l'on est réellement passionné par ce qui se passe sur l'écran. Les poignées en cuir fixées au plafond et au sol (!) de l'engin, pour se retenir en cas de fortes turbulences, font plus ressembler la fusée à un bus qu'à un engin spatial ! Le fait que l'air existe sur la lune, qu'il y ait même de l'or (le but tout de même de l'expédition !) ou encore qu'il n'y ait presque pas d'apesanteur provoquent certainement une douce imagerie naïve mais ne font résolument pas un bon film. Même le décor lunaire, dont la surface de sable clair cache des grottes mystérieuses qui suscitent curiosité et espérances de "trésors" de la part du groupe, n'est pas très bien exploité. On retrouve évidemment l'intrigue du méchant qui s'embarque avec les gentils, la femme aimée appartenant à l'ami-rival et même un garçon embarqué clandestinement... et bien sûr encore le beau héros qui se sacrifie... sans vraiment se sacrifier. N'en disons pas plus.

Les Espions rentre dans une catégorie plus familière à Fritz Lang que le film de science-fiction, le film d'espionnage, comme son titre l'indique. Le réalisateur y est nettement plus à l'aise. Tourné juste après Métropolis (1927), écrit une fois de plus par Thea von Harbou, le film est plus profond et bien plus trouble que La Femme dans la Lune. Thea von Harbou s'est inspirée de l’histoire "Arcos Raid", une affaire d'espionnage qui avait fait grand bruit dans le Landerneau londonien en 1926 : Scotland Yard découvre que derrière une société de commerce soviétique se cache un nid d'espions. D'une durée de 2h25, Les Espions est filmé et construit remarquablement. Le scénario est donc une histoire d'espions comme on les aime : le détective Donald Tremaine, alias agent 326 (Willy Fritsch), est chargé de démasquer les auteurs d'un vol d'archives de la plus haute importance au consulat de Novonie. Mais il doit faire face à une redoutable organisation criminelle et à la belle Sonja Barranikowa (Gerda Maurus). Derrière tout cela, un grand manitou, Haghi, incarnation de la toute puissance maléfique, joué par Rudolf Klein-Rogge. Celui-ci connaît bien ce genre de rôle puisqu'il interpréta le docteur Mabuse !

Beau noir et blancs, visages sombres et épais, regards puissants et inspirée, femme fatale mais amoureuse, Les Espions ne risque pas de décevoir l'amateur du genre. On est aussi dans l'excessif et le mélodrame (la scène où Sonja va chercher l'agent 326 après l'accident de train) et Fritz Lang fait souvent dans le sensationnel (par exemple en abandonnant le plan d'ensemble pour les gros plans), ce qui s'explique aussi par le fait qu'il a dû tourner deux films d'action après l'échec cuisant qu'a été Métropolis. Muet, le film est la version reconstituée et restaurée au Filmmuseum de la ville de Munich par Enno Palatas et présenté en 1978 au Festival de New York dans une copie d'une longueur actuelle de 3985 mètres. Certes, ce n'est pas le meilleur film de Fritz Lang mais il se laisse voir avec un certain plaisir, comme une variation policière du docteur Mabuse qui intéressera tous ceux que ce dernier a passionné (et pour ce qu'il annonçait de l'Allemagne des années 20-30). Le second DVD est un documentaire d'une heure et neuf minutes intitulé Un petit film mais avec beaucoup d’action. Assez agréable à regarder, il tente de redonner une certaine ampleur au film de Fritz Lang sans toutefois y parvenir pleinement. Il revient notamment sur les acteurs, les conditions de tournage etc., reconstituant un plan historique intéressant.

Les Nibelungen est une production de cinq heures environ. Fritz Lang a déjà tourné Les Trois lumières (1921), son chef d'oeuvre à ses propres yeux (dont on attend toujours une édition DVD) et Mabuse (1922). C'est évidemment un tout autre genre. On rappellera que Richard Wagner avait déjà traité l'histoire en opéra. La Chanson des Nibelungen (Nibelungenlied en allemand) est une épopée médiévale allemande. Elle a vu le jour au XIIIe siècle, rédigée dans la langue vulgaire de l'époque : le moyen haut-allemand. Le titre sous lequel elle est connue depuis sa redécouverte au milieu du XVIIIe siècle dérive des dernières lignes de l'une des deux principales versions du texte.

L’histoire est assez connue : Siegfried (Paul Richter), blond jeune homme élevé dans la grotte obscure par Mune le forgeron, décide de partir à l’aventure pour conquérir la gloire, la fortune et la blonde Kriemhild (Margarete Schön), sœur des Burgondes… Il y parvient après avoir tué le dragon et aide le frère de Kriemhild, Gunther (Theodor Loos) à conquérir la main de Brünhildd (Hanna Ralph) grâce à une toison qui le rend invisible. Mais il sera tué par le traître Hagen Tronje (Hans Adalbert Schlettow) ; la vengeance de Kriemhild sera alors impitoyable....

Fritz Lang, même avec une histoire assez "farfelue" au départ, parvient à nous intéresser. C'est ce qu'on appelle la force d'une mise en scène. Si l'on oublie un peu le côté mythologie, le côté kitsch teuton du début surtout, Les Nibelungen est un film passionnant sur la vengeance. C'est surtout la seconde partie qui fait la part belle au thème tant Kriemhild est obsédée, de fait, par la vengeance, au point que toute cette histoire devient quasiment shakespearienne. Se venger au point de tout détruire, de tuer par dizaines et pour rien, de tout mettre à feu et à sang. D'y perdre son âme. Et d'oublier d'être humaine. Sur ce point, le film est fascinant, édifiant même, résolument univzrsel…

Outre d'offrir un spectacle mouvementé, agité et spectaculaire, menant de front batailles, intrigues personnelles et complots, Les Nibelungen n'est jamais un film "pompier" et offre une profondeur de vue à laquelle, on ne s'attendait pas tout à fait. Le plus étonnant est que l'actrice qui joue Kriemhild ne semble pas faire grand chose mais elle le fait tellement bien qu'on est pris par son jeu "statique"! La seconde partie emporte littéralement tout sur son passage (palais assiégé, mouvements de foule, combats multiples, etc.) ; Fritz Lang sait mener avec une grande dextérité une reconstitution impressionnante pour l'époque, jouxtant des scènes d'action littéralement enflammées et des scènes intimes d'une force dramatique bouleversante.

Une vraie surprise que ce coffret DVD (qui comprend aussi Dr Mabuse et Metropolis) et une redécouverte enthousiasmante.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 30/11/2007 )
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