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Femme double
avec Nicholas Ray, Joan Fontaine, Robert Ryan, Zachary Scott
Editions Montparnasse 2008 /  9.99  € - 65.43 ffr.
Durée film 90 mn.
Classification : Tous publics

Sortie Cinéma, Pays : États-Unis, 1950
Sortie DVD : Septembre 2008
Titre original : Born to Be Bad

Version : DVD 5, Zone 2
Format vidéo : PAL, format 1.33
Format image : N&B, 4/3
Format audio : Anglais Dolby Digital 2.0
Sous-titres : Français


Bonus :
- Présentation de Serge Bromberg

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.

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Nicholas Ray est un cinéaste assez connu, auteur de Johnny Guitare (1954), un film plutôt célèbre mais assez surestimé. Wim Wenders fit un film sur ce cinéaste juste avant sa mort survenu en 1979 : Nick's Movie.

Ce qui surprend dans cette adaptation d'un roman d'Anne Parrish (All Kneeling), c'est la profondeur du sujet. Tourné à la même époque que Eve de Joseph L. Mankiewicz, film racontant l'histoire d'une actrice dissimulatrice et prête à tout pour obtenir richesse et gloire, La Femme aux maléfices traite le même thème mais dans un milieu différent.

Christabel Caine (Joan Fontaine) dissimule sous une apparence trompeuse sa soif d'argent et de pouvoir. Seul Nick (Robert Ryan), un romancier épris d'elle, voit clair dans son jeu. Bien qu'amoureuse de Nick, Christabel est davantage attirée par la fortune du milliardaire Curtis (Zachary Scott)...

Certes, Nicholas Ray n'a pas le talent et l’élégance de Joseph L. Mankiewicz pour décrire de telles situations, même si, à sa décharge, il dut subir le remuant Howard Hugues qui imposa Joan Fontaine et écrit lui-même les répliques, ce que visiblement il ne sait pas très bien faire. Cela se ressent car, effectivement, les dialogues - trop bavards - et les scènes manquent souvent de piquant. C'est parfois même gênant car les répliques phagocytent l'intrigue sans souvent aller quelque part. On parle, on parle mais ça n'avance pas beaucoup.

L'intérêt du film porte sur le double jeu de Christabel Caine : plus elle paraît douce et affectueuse, plus elle cache une terrifiante soif de pouvoir et d'argent, ce qui jette ses soupirants dans un doute permanent. Son obsession, en bonne menteuse pathologique qu’elle est, l'amène à ne plus considérer les autres comme des êtres humains mais comme des marionnettes dont elle se sert pour parvenir à ses fins. Le thème est assez classique mais toujours aussi passionnant, avec cette façon qu'a le personnage de prendre autrui au piège par l'image qu'il donne de soi-même.

Certes, comme le montre le film avec assez de clarté, c'est elle-même que Christabel Caine prend au piège. Finalement, elle ne vit rien de concret, passant de Nick à Curtis pour revenir à Nick et perdre les deux hommes au final. Cette stratégie ne peut finir que par un échec cuisant : vivre par procuration. On aurait aimé mieux saisir ce qui pousse le personnage à aller si loin, ou ce qui pousse une belle femme dans un tel mécanisme au point de ruiner sa vie et de ne pas vivre grand chose. C'est le scénario qui pèche ici en ne creusant pas les situations.

Joan Fontaine, dans le rôle, ne parvient pas à convaincre tout à fait. Il manque à son personnage une profondeur charnelle et psychologique et l'on ne croit pas trop au vertigineux jeu de séduction et de manipulation qu'elle instaure. C'est typiquement le genre de personnage que l'on "adore" détester alors que dans le film, il ne suscite pas vraiment de passion.

Néanmoins, le film reste tout à fait honnête. Même si Nicholas Ray ne possède pas, dans sa mise en scène, une classe suffisante pour traiter le thème avec plus d'envergure, il met en perspective une histoire passionnante, celle d'une femme et de son rapport trouble à la séduction.

Une fois de plus dans le cinéma de cette époque, les personnages féminins étaient envisagés sous des aspects critiques qui restent finalement assez surprenants. Un petit film mais avec un thème d'importance, comme savaient le faire les grands studios de cette période.


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 31/10/2008 )
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