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Sexe et crime
avec Nagisa  Oshima
Carlotta Films 2009 / 
Classification : Tous publics

L’Obsédé en plein jour (Hakuchu no torima) – 1966 – VOSTF – Format 2.35 respecté – 16/9 compatible 4/3 – N&B – 95 min. Avec Saeda Kawaguchi, Akiko Koyama et Kei Sato.
Bonus : préface de Charles Tesson et Bande annonce.
14.99 €

Été japonais : double suicide (Muri Shinju : nihon no natsu) – 1967 – VOSTF – Format 2.35 respecté – 16/9 compatible 4/3 – N&B – 95 min. Avec Kei Sato, Keiko Sakurai et Masakazu Tamura.
Bonus : préface de Charles Tesson et Bande annonce.
14.99 €

A propos des chansons paillardes au Japon (Nihon Shunka-Ko) - 1967 – VOSTF – Format 2.35 respecté – 16/9 compatible 4/3 – Couleurs – 99 min. Avec Ichiro Araki, Akiko Koyama et Kazuko Tajima.
Bonus : préface de Charles Tesson et Bande annonce.
14.99 €

Le Retour des trois soulards (Kaettekita yoppara) – 1968 - VOSTF – Format 2.35 respecté – 16/9 compatible 4/3 – Couleurs – 77 min. Avec Kazuhiko Kato, Osamu Kitayama et Norihiko Hashida.
Bonus : préface de Charles Tesson et Bande annonce.
14.99 €

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Pour ceux qui ne connaîtrait pas la vaste filmographie de Nagisa Oshima, Carlotta poursuit son travail d’édition et nous propose quatre nouveaux films en DVD. Ils font suite à cinq précédents opus toujours chez Carlotta et adroitement qualifiés de «Cinq films de révolte et de passion». Toujours pas de trace en revanche, est-ce une mauvaise chose d’ailleurs, de L’Empire des sens et de L’Empire de la passion, films les plus sulfureux et les plus connus sans doute de l’auteur japonais.

Ici quatre films tournés entre 1966 et 1968 par celui qui fut le principal représentant de ce qu’on qualifia alors de Nouvelle Vague japonaise. Une double thématique commune à tous ces films : sexe et crime. L’ensemble est très inégal, allant du burlesque à la comédie musicale en passant par le film très noir. Il s’agit d’une des périodes très fastes d’Oshima qui tourne treize films entre 1965 et 1972. Ceci expliquant peut-être cela. Deux films en N&B et deux en couleurs.

Quatre films donc. Ne cherchez pas une ligne commune, il n’y en pas, si ce n’est une expérimentation toujours très présente. On trouvera quand même quelques thèmes transversaux et des caractéristiques communes notables : une photographie et un cadrage. Dans Le Retour des trois soulards on est proche des photographies réalisées par Ueda Shoji dans les dunes de Tottori avec une superbe mise en scène de personnages. Du burlesque dans lequel on oscille parfois entre Jacques Tati et les Charlots, pas forcément pour le meilleur. Les aventures réelles et rêvées de trois étudiants qui, à la suite du vol de leurs vêtements, sont obligés de porter des uniformes de soldats et d’étudiants coréens. Soupçonnés d’être entrés clandestinement au Japon, ils se retrouvent poursuivis par la police et par les vrais clandestins. Nagisa Oshima s’attaque ici à un sujet tabou : la relation avec la Corée et la place des Coréens dans la société japonaise. Des quatre films, c’est celui dont on pourra sans doute le plus facilement se passer.

Avec Été japonais : double suicide, on entre dans le registre de la fable. Fable parfois un peu (beaucoup ?) réductrice et parfois très stéréotypée, qui oppose deux envies : l'obsession sexuelle et celle du meurtre. Réductrice voire caricaturale. Face à des yakusas qui attendent d’en découdre avec une bande adverse, on trouve Nejiko. Gironde et peu farouche, elle n’a qu’une seule envie : faire l’amour et peu lui importe avec qui. Certaines scènes extrêmement poétiques, comme celle de la plage, sont proches d’œuvre du Land Art mais l’ensemble manque de liant. Le thème du double suicide est un thème récurrent de la littérature japonaise, un acte vu comme l’accomplissement idéal d’une relation amoureuse. Ici bien des détours et des déconvenues, des raccourcis aussi, propres à la fable mais qui ne sont pas pour autant propices à la fluidité du récit. Chaque personnage est limité au désir qui l’habite et qu’il incarne, à ce désir unique et forcément réducteur, d’où une absence de profondeur certaine.

On préfèrera la couleur et la beauté plastique d’A propos des chansons paillardes au Japon. Des chansons donc mais pas vraiment de comédie musicale. Un film délicat, léger et drôle. Cherchez la femme ! Numéro 514. Quatre étudiants passent l’examen d’entrée à l’Université de Tokyo et cherchent une candidate dont ils ne connaissent que le numéro d’examen mais qui les attire énormément. Poussés par leurs instincts sexuels et inassouvis, dans un Tokyo ouaté par un manteau de neige plus accueillant que froid, les étudiants seront en chemin initiés aux chansons paillardes. Une façon pour Oshima de revisiter la culture populaire japonaise. Il s’attaque aussi au retour des idées nationalistes dans son pays, près de vingt-cinq ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il le traduit symboliquement par un drapeau japonais où le noir a remplacé le rouge. Cela ne frappe pas forcément et cette subtilité accompagne les pérégrinations de nos héros attachants. C’est à souligner car il est bien difficile de s’identifier avec les protagonistes des autres films.

Le meilleur des quatre films, peu connu et peu montré, est L’Obsédé en plein jour, une des œuvres maîtresses d'Oshima. Ce film virtuose aux deux-mille plans (!) est parcouru par un montage au cordeau qui accompagne une histoire des plus noires. Une histoire inspirée de faits divers réels qui avaient vu un homme de l’archipel violer et tuer 30 femmes entre 1957 et 1958. Autour de la différence entre l’amour et le désir sexuel, l’auteur nous perd et nous entraîne dans une sorte de cauchemar éveillé et permanent, sentiment accentué par de nombreux retours en arrière. Ceux du meurtrier mais aussi ceux de l’inspecteur chargé d’élucider cette série de crimes sordides. Une froideur belle comme une morgue.

Au final, deux bons films et deux passables. Pour les cinéphiles cinéphiliques, chaque film est accompagné d’une utile, précise et «intellectualisante» préface signée Charles Tesson.


Judicael Tracoulat
( Mis en ligne le 10/04/2009 )
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