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Et de 15 !
Amélie Nothomb   Journal d'hirondelle
Le Livre de Poche 2008 /  4.50 € - 29.48 ffr. / 96 pages
ISBN : 978-2-253-12107-7
FORMAT : 11x18 cm

Première publication en août 2006 (Albin Michel).
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Le numéro de septembre 2006 du magazine Lire consacrait sa Une et un dossier assez dense à Amélie Nothomb, en livrant quelques pistes pour comprendre l’immense succès de cette romancière star. S’y exprimaient libraires, admirateurs, journalistes et quelques pontes de chez Albin Michel, l'éditeur comblé. Si la chose est acquise depuis longtemps que les romans d’Amélie Nothomb se vendent comme des petits pains, il est en revanche surprenant de lire les propos d’un libraire interviewé par le magazine. Selon lui, un auteur qui fait un mauvais roman perd quasi automatiquement son public, ce qui bizarrement n’est pas le cas de Nothomb, qui non seulement bénéficie d’un public de fans transis – à la façon d’une rock-star – mais renouvelle son «auditoire» à chaque roman, et ce qu'importe la qualité du précédent. Implacable également, ce constat, rapporté et vérifié par Lire, que l’intelligentsia assassine systématiquement la sympathique Belge, quand elle ne l’ignore pas purement et simplement ! On sait pourtant bien que Le Monde préférera toujours faire couvrir les concerts de Madonna (populaire mais un peu branchée) par Christine Angot (très branchée et pas populaire) plutôt que par Amélie Nothomb (populaire et pas branchée).

En bref, le sentiment qu’on retire à la lecture de cette enquête est sans appel: beaucoup font comme si le contenu des livres d’Amélie Nothomb n’existait pas. Et que seules son image, sa pose, la définissaient en tant qu’auteur. Voilà une discrimination dont souffrent beaucoup d’auteurs à succès – et qu’a bien décrite Stephen King dans sa remarquable autobiographie Écrire. Les auteurs qui en sont victimes sont bien sûr en partie responsables de cet état de fait, puisque la dérive médiatique qui confond création et promotion, génie et imposture, artistes et profiteurs, fait beaucoup de mal à la littérature et qu’on peut aussi refuser de s’y prêter. Si Amélie Nothomb voulait qu’on lui fiche la paix, elle n’avait qu’à pas construire ce personnage de névrosée précieuse, fantasque et obsessionnelle mangeuse de fruit pourris. Mais du coup, elle aurait été moins connue. CQFD.

Journal d’hirondelle est sans doute le meilleur roman d’Amélie Nothomb depuis Stupeurs et tremblements. Les précédents ressemblaient plus à des commandes de rentrée, plus ou moins bonnes selon le cru. Suite à un chagrin d’amour, le narrateur de l’histoire – Amélie Nothomb excelle à donner vie à des personnages masculins, récurrence de son héros princeps Pretextat Tach – devient tueur à gages. Un gagne-pain qu’il compare volontiers à son groupe favori, Radiohead : «Radiohead convenait très bien à ma vie nouvelle. Cette musique et mon métier avaient pour point commun une radicale absence de nostalgie. J’envoyais mes clients ad patres sans l’ombre d’une songerie élégiaque pour leur passé. Tout va pour le mieux jusqu’à ce que notre homme s’éprenne follement d’une de ses victimes.

Les errements jouissifs de cet anti-héros onaniste et taciturne sont gouleyantes, jusqu’à leur dénouement impeccable – une fois n’est pas coutume, Nothomb ayant parfois tendance à achever ses romans en queue de poisson. La multitude de thèmes universels – l’amour, le sexe, la mort, la faim, l’ennui, la beauté, l’innocence, la cruauté – qui sont brassés dans Journal d’hirondelle est étonnante malgré une intrigue aussi mince, et pourtant fonctionne avec une fluidité exemplaire. Évidemment, tout cela pourra paraître un peu facile. Mais justement, si les romans d’Amélie Nothomb paraissent si «faciles» - on préférera «fluides» -, n’est-ce pas parce que derrière, il y a un énorme travail de maîtrise, des heures d'orfèvrerie, au petit matin devant un thé concentré, et, par-dessus tout, un talent monstrueux ?


Caroline Bee
( Mis en ligne le 05/06/2008 )
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