Christian Bazin Jean Picollec 2003 / 24 € - 157.2 ffr. / 271 pages ISBN : 2-86477-201-9 FORMAT : 14x21 cm
L'auteur du compte rendu : Cécile Obligi est l'auteur d'un mémoire de maîtrise d'histoire intitulé Images de Jean-Sylvain Bailly, premier maire de Paris, 1789-1791. Imprimer
Originaire de Strasbourg, Jean-Baptiste Kléber est né en 1753. Son père meurt alors quil est très jeune et sa mère se remarie avec un homme veuf qui a déjà plusieurs enfants dont lun, François-Martin, plus âgé que Jean-Baptiste, lui servira de protecteur. Le beau-père et le demi-frère de Jean-Baptiste Kléber étant tous deux architectes, le jeune homme est envoyé apprendre ce métier dans latelier de Chalgrin. Il sengage cependant dans larmée autrichienne avant davoir loccasion dexercer ce métier. Les sept années (1776-1783) quil y passe lui apportent une solide formation militaire, mais la reconnaissance sy fait trop attendre à son goût. Il quitte donc larmée avec une certaine aigreur, ayant le sentiment quil na pas été reconnu à sa juste valeur parce quil nest pas noble.
Kléber se tourne alors de nouveau vers larchitecture et obtient une place dinspecteur des bâtiments grâce à son demi-frère François-Martin Burger. Les sources ne permettent pas davoir une idée précise de ses réalisations, par ailleurs en partie détruites depuis. Cette partie peu connue de la vie de Kléber (qui sétend sur une dizaine dannées) a été récemment réévaluée. Ses principales réalisations, où lon décèle linfluence de Chalgrin et de Brongniart, se situent dans la partie méridionale de lAlsace. Ses uvres sont multiples : presbytères et églises (Chèvremont), grands bâtiments (lhôpital de Thann), châteaux et jardins (Florimond). Enfin, labbaye de Masevaux a occupé une grande partie de son temps.
Kléber met à profit les premières années de la Révolution pour lire des biographies de grands hommes et des ouvrages dhistoire militaire. Cest sa nomination au début de lannée 1792 au poste dadjudant major dans lun des bataillons de volontaires du Haut-Rhin qui marque le début de sa célèbre carrière militaire. Il semblerait quil adhère à ce moment-là à la Révolution par intérêt, parce quelle lui permet enfin lascension sociale souhaitée.
Devenu lieutenant colonel, il rejoint en Allemagne larmée du Rhin qui était sous les ordres de Custine et poursuivait larmée de Brunswick. Il se hisse rapidement à un poste de commandement et se couvre de gloire au fameux siège de Mayence. Après lhonorable capitulation des Français en juillet 1793, il est nommé général de brigade. Il accepte avec méfiance cette distinction, répétant souvent que «Devenir général, cest un brevet pour léchafaud».
Ceux que lon appelle désormais les Mayençais sont envoyés en Vendée où la situation senlise. Ils arrivent en septembre 1793 et remportent plusieurs victoires (Cholet qui vaut à Kléber dêtre nommé général de division, Savenay). Il semble que Kléber, toujours très attaché à la bonne tenue de ses troupes, ait tenté de limiter pillages et exactions.
Kléber est ensuite envoyé sur le front de lEst, en Sambre et Meuse, où il arrive en avril 1794. Il sillustre de nouveau dans de célèbres circonstances : la bataille de Fleurus, la prise de plusieurs villes (Bruxelles, Düsseldorf, Francfort). Il quitte enfin larmée fin janvier 1797, épuisé et par ailleurs lassé par lincompétence des représentants de la Convention qui ont un pouvoir supérieur à ceux des chefs militaires.
Après une année de repos, il est sollicité pour participer à lexpédition dEgypte. Partie en mai 1798, larmée prend à son arrivée en juillet la ville dAlexandrie. Désigné par Bonaparte gouverneur dAlexandrie, Kléber tente dorganiser ladministration de la ville conquise, puis rejoint Bonaparte au Caire en octobre. Il participe donc à lexpédition en Syrie en 1799 et est le principal artisan de la victoire du Mont Thabor. Ses relations avec Bonaparte sont faites dadmiration et de méfiance réciproques. En août 1799, Bonaparte sembarque secrètement pour la France, laissant Kléber à la tête de larmée dOrient. Kléber constate avec amertume létat déplorable de ses forces et tente de gérer tant bien que mal les affaires dEgypte. Après la signature de la convention del-Arich en janvier 1800, il reprend le dessus et opère ce que C. Bazin appelle une seconde conquête de lEgypte (victoire dHéliopolis, reddition du Caire). Alors que le calme revient et que ladministration commence à devenir efficace, Kléber est assassiné en juin 1800 par un Egyptien. Personnage vite oublié, il a plutôt eu une gloire posthume. Sa réputation de chef militaire et sa reconnaissance comme héros local par lAlsace interviennent plus tard.
Soulignons notre déception devant cette nouvelle biographie. Il sagit dun ouvrage de vulgarisation qui, se laissant parfois aller à employer des termes et ou expressions anachroniques, a tendance à se complaire dans le récit danecdotes peu utiles à la compréhension du personnage. Lattendrissement de lauteur pour un homme quil qualifie de «grande gueule et grand cur» est parfois gênante. Cette biographie a tout de même le mérite dêtre dune lecture aisée et agréable, lauteur ayant le louable souci de rendre son ouvrage accessible à des lecteurs ne connaissant pas du tout la période. Cependant, nous aurions plutôt tendance à conseiller la lecture de la très intéressante synthèse (plus difficile daccès) de Jean-Joël Brégeon, parue chez Perrin en 2002, Kléber : «le dieu Mars en personne».
Cécile Obligi ( Mis en ligne le 15/03/2004 ) Imprimer
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