Michel Dancoisne-Martineau Chroniques de Sainte-Hélène - Atlantique sud Perrin 2011 / 23 € - 150.65 ffr. / 349 pages ISBN : 978-2-262-03415-3 FORMAT : 14,2cm x 21,2cm
Thierry Lentz (Préfacier)
L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin. Imprimer
Dans sa prime jeunesse, à lécole de Brienne où son père était parvenu à lenvoyer, Bonaparte nota dans lun de ses cahiers : «Sainte-Hélène, petite isle». Si létroitesse de ce rocher volcanique retint lattention du futur Empereur, Napoléon ne devait probablement pas se douter quil y serait un jour exilé après avoir accompli tant de prodiges et régné sur tout le continent. Comme lindique Michel Dancoisne-Martineau au cours de son récent ouvrage intitulé Chroniques de Sainte-Hélène. Atlantique sud, «ces quatre mots prennent comme un sens prémonitoire lorsquon les relie au destin de lhomme qui a occupé le devant de la scène pendant près de vingt ans».
Dans ces Chroniques, Michel Dancoisne-Martineau revient sur ce qui fut le quotidien de lîle Sainte-Hélène durant lexil de Napoléon Bonaparte. Ce faisant, le livre invite le lecteur à un authentique «voyage dans le temps il y a deux siècles - et dans lespace une région du globe pas tout à fait inaccessible -, sur des îles volcaniques apparues au cur de lAtlantique sud, entre Afrique et Amérique, stratégiquement essentielles à une époque où les navires à voiles avaient besoin de relâcher et les marins de souffler, en un temps où il fallait des mois pour que certaines nouvelles effleurent la conscience de leurs populations, qui dailleurs nen demandaient pas tant, voire se souciaient peu de mêler leur petite voix au vacarme du monde». Cette excursion est dautant plus instructive que lauteur vit sur place depuis près de trois décennies, où il est en charge des domaines français de Sainte-Hélène. De lîle, il connait parfaitement latmosphère, les traditions, lhistoire et la géographie.
Cest au cours du mois doctobre 1815 que lEmpereur déchu débarqua sur lîle Sainte-Hélène, laquelle était à lépoque la propriété de la Compagnie des Indes orientales. Naturellement, larrivée du vainqueur dAusterlitz fut tout à fait inattendue du côté des autochtones. Pis, elle bouleversa la vie calme et tranquille de la petite colonie britannique. Il est vrai que deux à trois milles fonctionnaires civils et militaires assuraient la garde de Napoléon. Ceux-ci allaient «vivre, sépier, saimer, se haïr» sur ce rocher soumis à un rigoureux couvre-feu, dont leffet fut daccentuer plus encore «linévitable impression denfermement». Si lexil du grand homme constitue lune des épisodes de sa vie les plus connus et les plus documentés, comme le rappelle le préfacier Thierry Lentz, tout na pas été dit sur ce moment exceptionnel qui représente la «matrice de la légende napoléonienne».
En effet, Michel Dancoisne-Martineau plonge le lecteur dans lintimité de ceux qui furent associés de quelque manière que ce soit à Bonaparte. Et ils furent une pléthore. Parmi ceux-ci, il y eut notamment lincontournable Hudson Lowe, le révérend Boys, le colonel Wilks, le «Polonais» Piontkowski, le «Juif» Solomon, limpertinente Betsy Balcombe, le «maître dhôtel» Cipriani, les esclaves de lîle, et ce quils travaillèrent à Longwood House ou non, les nombreux Chinois de la Compagnie des Indes et bien dautres encore. Tous prirent part directement ou non à ce «drame» que fut la captivité de lEmpereur. Aussi insolites quelles peuvent parfois être, ces petites histoires dans lHistoire contribuent à offrir une meilleure compréhension de lexil hélénien.
Alexis Fourmont ( Mis en ligne le 11/10/2011 ) Imprimer
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